S'accrocher
à un visage, à un rictus, à une coupe de cheveux,
à des lignes précises. Là, à quelques mètres,
une jeune fille, avec une coupe années 80, gonflée, volumineuse,
avec des boucles, avec un très accentué effet brushing.
Entre Michèle Pfeiffer et la sur de Tony Montana dans
Scarface. Son sourire me sauve. Toujours cette recherche d'un sourire.
Elle ne me regarde pas, je n'existe pas pour elle. C'est flagellant
de prendre conscience de sa non-existence, là, précisément,
en face d'un sourire Floridien. Savoir
prendre la mesure des choses. Des événements. Caroline
se fait muette, absente, lointaine
Heureuse dans les bras de Cyril,
qui n'est plus, étrangeté de l'inversion, de l'aversion,
" mon ami ", mais celui qu'aime la femme à qui j'ai
dit je t'aime. L'aime je ? Un sourire se cache, là, toujours près de vous. L'aura que l'on me prête, bordel, où est-elle ? Elle n'a pas pesé lourd face aux lèvres drues d'un jeune homme sympathique. Un message vous sort de votre léthargie, vous ramène à la vie. Nischa, la charmante Allemande, disparue depuis bien trop longtemps, pavoise sur ma boîte mail. Elle me demande des nouvelles de la soirée, de mes projets. Malheureusement, la soirée a déjà eu lieu. Heureux hasard de ce message enjoué. Que la vie reprenne sa route heureuse. " La vie est une fête ". Des messages
qui vous donnent de l'air, précieux, ils arrivent précisément,
dans un ordre jamais innocent. Cécile ne m'a pas abandonné.
Elle me fait rire, un lien vers elle, un lien vers Caroline aussi. Je
ne peux me morfondre. Tous me connaissent comme un homme drôle,
pétillant et en forme. Personne ne comprend que je puisse être
malheureux en raison d'une fille ; que je peux en avoir comme je veux,
comme j'écris. Oui, mais une fille que l'on aime, ça,
c'est pas facile comme écrire ce putain de journal. Encore qu'écrire
la rencontre avec Caroline en connaissant son départ amoureux
vers Cyril, c'est hard. Bien plus hard que le vendredi pornographique.
Parfois,
en dépit de ces bouffées d'oxygène, je souffre.
Ah le bel enfant, il a le genou égratigné ! Oui, je souffre.
Oooooooouuuuuuuuu
. Il a bobo. Le pas beau. Un beau de trop ! - deux
galets de la plage de Cap Martin - une tulipe
blanche
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