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Je suis une midinette. La tirade de l'amour sur le dos de l'éléphant. Je chante. Je suis une midinette. Je suis le regard de Lautrec, seule dans sa turne. Je suis une midinette. Je décroche, je décroche, le mélo, méli, mélasse, je décroche, je décroche, heureusement, les reprises, les couturières sont magnifiques. Je me demande si Yann, dans son film, a usé de ces canevas de chansons, comme il le faisait si bien dans le livre. [Il existe
des noirs juifs: l'opération Salomon en 1991, une quinzaine de
milliers juifs éthiopiens ont été rapatriés
par Israël. [" Un pilier de bordel ", Lautrec.] Chamboulé je suis par la musique du générique, symphonie électronique cardiaque, de Craig Amstrong… Je ressasse tout plein de choses, de mon envie de fuite, de mon constat d'échec, de ces jours passés seul qui ne se rattraperont pas, des maladresses avec elle(s), des bonheurs qui auraient pu en découler, de mon " idée de la semaine ", de ce sentiment de ventre, tortillé, retourné, toutes ces images frétillent dans ma tête, et j'ai envie de pleurer, mais mes yeux restent fixes, la musique s'amplifie, mes échecs reviennent, m'ont-ils déjà quittés ? Le numéro d'Olivia affiché, je flippe, c'était un vendredi soir, je me souviens, Héloïse, assise dans le fauteuil dans la chambre de Régis, Dominique Lemarchand, sur les bancs, près du bâtiment B, qui raconte comment il a baisé Ingrid, la belle inconnue du bus et du RER que je n'accoste jamais, la jolie blonde du 9h06, qui lisait " Stratégies ", Miriam assise dans l'herbe qui gobait mes histoires que j'étais gay, Jenifer qui me raconte comment il l'a forcée à le sucer, moi qui rêvais d'être le premier, tout s'écroula, tout s'écroule toujours. Tout jouir jamais. Je n'arriverai pas. Tout ce passé est là, énorme boule de chagrin. Je n'y arriverai pas. J'aurais pu, faire l'amour des milliers de fois, rien. J'aurais pu, être heureux, de milliers de minutes, rien. J'aurais pu, rendre heureux, faire rire, tout ce que j'ai, tout ce que je suis, rien. Et ça, ce sera toujours présent.
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