Je gambade à vive allure sur le boulevard Magenta, aujourd'hui, ce sont les vacances. J'ai plus de chaussettes blanches, je dois aller en acheter. Mais avant, je file déposer les clés de l'appartement de Sébastien, qui traîne dans mon sac depuis déjà bien trop longtemps, dans sa boîte aux lettres. Je passe donc par République, puis, je prendrais certainement le métro jusqu'à Châtelet, pour aller à H&M ou chez C&A… Je suis un peu speed, faut trouver un moment où acheter un 'dwich pour le déjeuner, et je pense aussi au taf à finir. Je marche vite, comme d'habitude. Je me dis qu'il y a peut-être un C&A à Répu ou un truc de sport, cela m'éviterait de me gaver dans le métro. Je sens que je vais rencontrer quelqu'un, de fort, HPG ou Noé… Effectivement, il y a un GO SPORT, je m'engouffre dedans, la faible luminosité me fait mal aux yeux, ma myopie me rend tout strange, je devine tout juste les différents packagings. Je repars avec un gros paquet de huit paires de tennis blanches. Je traverse la place, peste contre les feux rouges incessants, et dépose les clés dans la boîte. Je repars gaiement, le travail doublement fait (chaussettes et clés), avec l'esprit libre de pouvoir aller prendre un sandwich et la sensation intimement puissante d'une " rencontre ". Je sors de la rue Béranger (Libération et Chronicart), au passage piétons, j'aperçois deux formes, silhouettes floues, nuagueuses, voire monochromes, j'entame une stratégies d'évitement, en me faufilant près des murs. Une jeune fille souriante s'accroche à ma tactique, bien vaine, j'étais seul à ce passage. Sourire de beauté sous crème teinte, petit bichon orangé et chaud comme l'erg tunisien. Caroline C., la jeune beauté automobile de mes balades columériennes dans Tout ça pour ça. Elle me brille de son éclat, de son sourire, de son peps. Je repense instantanément à mes écrits sur le web, à une lettre envoyée il y a pas si longtemps que cela au domicile de ses parents. l'a-t-elle lue ? Je souris socialement. Mais je suis tout perturbé, vraiment. Une beauté libérée de sa carrosserie, enfin… Elle est toujours étudiante en LEA et habite dans le 12e. J'ai tout de même la révélation de lui proposer la soirée Bordel. Elle me donne ses coordonnées, adresse et mail, je retiens tout dans ma caboche. La mémoire, seul avantage que j'ai. Mais la quittant, encore rompu de cette rencontre, je bafouille ma mémoire. Je rentre le plus rapidement à l'agence, je ne sais même plus exactement comment son nom s'épelle. Je peste devant mon écran, mais quel con. Je tente le mail, et il ne me revient pas à la gueule. Les " free.fr " reviennent, je crois, lorsqu'ils sont faux. L'adresse retenue est celle d'un boucher dans mes recherches web. Bon, che sera sera… Elle était sublime, cette petite biche orangée, apaisante comme une dune saharienne… le Chamsin souffle…

Ma lettre écrite, un message de Juliette J. plante son drapeau rouge, un peu de bordel dans son bureau, je suis invité à venir le ranger. Je piétine une bonne heure au taf avant de me lancer à l'assaut d'Odéon. J'ai envie de voir à quoi il ressemble, ce bordel. Il est beau, pas trop gros, pas trop maigrichon, un beau bébé. " Il fait très NRF ton bordel " dixit celle qui me cadavérise. Dès que j'entre au 6 rue Racine, je me sens déplacé, je n'arrive pas à légitimer ma présence. Juliette est une charmante femme, mère, éditrice, mais je perds toute ma vie, avec. Je pars saluer Martine, et là, je papote avec un peu moins de gaucherie. Mais Juliette, c'est neurasthénie attitude. C'est con, car je suis pourtant un joyeux luron baratineur. Le livre est impeccable, MAIS, une scorie qui me martèle le cerveau, je ne vois que cela, je ne vois plus que cela, l'url du site, " htpp " au lieu de " http ". C'est un manque de respect envers le travail du site web. J'avais pourtant signalé le truc lors de la dernière correction d'épreuves, les autres modifications ont été prises pourtant. Je prends deux exemplaires, pas envie d'en prendre pour Olivier et Philippe. Un peu dégoûté, le détail qu'il ne fallait pas. Le bouquin a de la gueule quand même. Et c'est incomparablement mieux de lire les textes dans un livre. Je les redécouvre. J'en filerai un à ma mère, et j'aurais dû en prendre un troisième, car j'ai bien envie de le relire pendant les vacances, car ce soir, c'est le départ avec Cyril. Direction Antibes, où sa grand-mère a un appartement dans une résidence de gériatrie.

Je file à ma mère, comme convenu, un peu d'argent pour qu'elle se prenne ce qu'elle veut pour son anniversaire et donc, surprise, car je pensais recevoir les livres le 28 prochain, un exemplaire de Bordel. Je lui demande de ne pas en parler à ma grand-mère, ils seraient tristes d'avoir été oubliés… " et pourtant, c'est NOUS qui l'AIDONS… " car je le prends en fin de compte avec moi. Je croise Stéphane D. et son amie Laetitia. Je lui propose la soirée. Il passera prendre un carton à la maison, je file faire mes sacs, envoyer mes derniers mails, ranger un peu.
Cyril se pointe avec une heure d'avance, je suis avec Stéphane et Laetitia discutant sur nos amis communs, JP, Fred, Nico, nos souvenirs de mômes, leur nouvelle maison, l'idée de la revue etc…
Je fais mes valises rapidement, j'avais déjà " tout préparé " sur mon lit. Hop, une bouteille d'eau, un paquet chips acheté par mémé, un rouleau de PQ. C'est parti, tout est dans le coffre de la commerciale de Cyril, 380 000 kilomètres.
On roule direction Provins, quelques voitures, puis direction Troyes, pas grand monde, sur la route vers Lyon et l'autoroute, personne. On quitte le Nord de nuit, dans le noir, en catimini…

A nous le Sud, que je ne connais pas. Je ne suis jamais allé sur la Côte d'azur, baptisée par un préfet des Côtes d'or…