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Mon père est déjà parti. Il est pourtant que 9h30.
J'ai bien dormi. Ma chambre étant au-dessus de celle où
ils dormaient, mon père et ma belle-mère. Jean-Michel
et Mauricette. Jean-Mi et Momo. On dirait deux lascars d'une cité
des " Démons de Jésus " ; ah tiens, il ne faut
pas que j'oublie de bien relire les textes de Bernie et de lui proposer
de développer sous forme d'une longue nouvelle certains portraits
qu'il esquisse dans ce que j'ai lu.
Ils sont partis. Ce sont des lève-tôt. Partis pour un mariage
où mon père est témoin. A Verneuil L'étang.
Le maçon au sourire chevalin et à la note chacal épouse
la fille du mère, encore un mauvais film
euh
"
Les démons
" est un excellent film, mais là,
c'est du mauvais cinéma
Des héros sortis de Mocky.
Même si j'aime bien Mocky. Bon, je me tourne autour de moi, et
je m'enlace dans les pensées, je trébuche, ne me piétinez
pas
Une matinée à quoi
ah oui, téléphoner
à Amélie du Pays Briard, et peut-être appeler Isabelle
à la poitrine plantureuse
Mais avant un peu de musique,
" Dix ans " de Souchon, comme ça, parce qu'en cherchant,
je suis tombé dessus et que je venais de mettre à fond
(le temps de ranger, vider les poubelles, les bouteilles) Neurosis,
du hard-core radical. Amélie me répond, elle passera vers
15h30, je lui précise l'endroit et qu'elle peut passer quand
elle veut, je ne bougerai pas, je végéterai ici, entre
livres et connexions web. Puis, dans ma lancée triomphante, Isabelle
Répondeur Orange, je laisse un mot, je parle trop, le bordel
me coupe la parole en pleine
Cela est fait. Mon courrier. Celui des grands-parents, des journaux,
des magazines, le Pays Briard
Je pourrais lire ce qu'écrit
Amélie L.
Mais avant, envie de pédaler
De sourire à des gens
connus
Je passe voir JP, personne
Je m'arrête au terrain
de tennis pour vérifier qu'ils n'ont pas changé la serrure,
les salauds de la commune. Quand comprendront-ils qu'il faut le laisser
open ce court !
D'ailleurs la serrure n'est pas verrouillée
Très
bien
A côté, des gamins hurlent, jouent, rient, c'est la der
Un petit me demande une balle passée par-dessus le grillage,
je m'exécute. Il y a des grands, très grands, 14 ans,
dans ce court pour les CP, CE1
" Les enfants des Tournelles
", Congolais, Arméniens et les terribles Tchétchènes
Le petit Clément vient me parler au grillage, il a une petite
bouille de blondinet tout très trop gentil. Il a tout juste 7
ans. Ou 8, mince j'ai un doute. Il part chez sa marraine, ses "
copines ", à la mer, " la plus belle mer qu'il ait
visitée "
avec des grosses vagues, son visage s'attriste
un peu, légèrement, petites rougeurs sur pommettes saillantes,
" je sais pas nager ". Tu apprendras bonhomme. Un copain débarque
en hurlant, " je ne suis pas contagieux "
Jouant sur
le doute, la peur, la méfiance
Il a la varicelle, enfin,
avait
Merde, je ne l'ai jamais eue, moi, attention
Ils me
parlent du footballeur mort comme ça, c'était dans les
informations hier me disent-ils
" C'est le stress, comme
ça, c'est comme ça " me soupire le petit, bien connaisseur
de ce fatal stress. C'est ce qu'on appelle, en foot, la mort subite.
Avant de reprendre ma selle, je cours de l'autre côté du
rectangle de récréation pour renvoyer un ballon, me demande
le petit Rachid, le fils aîné de Mafhoud, mon épicier.
Notre.
Après ce moment de bonheur, je le poursuis en m'arrêtant
voir ma mère, attablée, pliant les cahiers de la prochaine
rentrée. Ses lunettes bricolées elle-même
Par le biais de l'aide de sa sur Brigitte. Je suis assis sur une
petite chaise, dans la grande classe (celle de quand j'étais
un " grand "), même disposition, le tableau, le même,
je crois, en tout le lino de la partie peinture, c'est bien le même.
Il y a quatre mômes, Paul, petit blond calme à lunettes
(il me comptera avec succès jusqu'à 100, et plus), Garance,
son sosie, Maxime, gentil petit grassouillet très soigneux, et
la très bavarde Justine, une future sacrée pitchounette,
très intelligente, spirituelle, et une future petite bombe
Pour le moment, elle cheftaine un peu le quatuor et rappelle à
ma mère, à qui si peu de mémoire, les choses essentielles
Tous mignons, à cet âge là, en général
Ils colorient des hiboux, découpent, comptent droits devant moi
des chiffres doubles
Assis sur des chaises que j'ai connues, jouant
à des jeux de cubes que j'ai bien connus.
Comment deviennent-ils si odieux ? Pour laisser certains devenir de
Grands Hommes. Le prix.
Rentré chez moi, je m'équipe d'un couteau, dans le jardin
de pépé, que je n'avais pas encore visité, bien
achalandé, net, je me coupe une salade pour ce midi. Ma tactique
d'épluchage est drôlement efficace, je la montrerai à
mémé. Pauvre mémé qui s'est cassée
une jambe chez mon père
Ne l'a dit que le lendemain, c'est
bien elle, ne pas oser, ne pas déranger, ne rien dire
Plus
que la jambe, elle qui souffre déjà comme ça, c'est
le cogitage qui m'ennuie, elle va culpabiliser pour Jean-Michel, "
la première fois qu'on va chez Jean-Michel et je fais venir les
pompiers, hôpital, du souci, il ne mérite pas ça
"
Je la connais ma pauvre grand-mère. Tout enfoui
en elle toujours.
Elle n'a pas un journal à écrire pour calmer un peu tout
le bordel du ciboulot.
Ma salade est exquise, avec petits lardons très finement lamés,
gruyère frais
Je fais une revue de presse, soirée
Bordel-Hustler-Beigbeder évoquée dans Match, Amélie
L. écrit un max. dans le Pays, elle est à toutes
les pages, avec des articles très bien informés, très
pédago
Qui est-elle ? Sur le Net
un article sur les
35 heures à L'EPI, journal de Sciences Po Lille, et un truc à
l'école de journalisme de Strasbourg. Une fille sérieuse,
pas trop vieille, IEP Lille 1998, donc elle doit avoir dans les 23 ans.
Je lis Histoire d'amour de Jauffret ; Pourquoi tu m'aimes
pas de Claire Castillon est bien du Jauffret, j'avais bien fait
de le citer à son éditrice, muette
Elle me trouve
gonflant, me dit-on. Je me sens mieux dans le Jauffret, dans cette histoire
très proche. Ce serait bien que Jauffret soit dans le Bordel
2, et pas seulement des auteurs jouant du même registre
" Dix ans ", cinq ans
Ma mère, me faisant penser
à Madame Crevette, l'aide maternelle, quand j'étais petit.
Mon père, là, qui ressemble de plus en plus à son
père, Maurice, mon grand-père. Et moi dans tout ça
? Physique de ma grand-mère, sa manie à me tourmenter.
Mêlée à la manie de tourmenter de mon grand-père.
Ce matin, ce fut le point du temps
le fil du temps rétracté
en un point, condensé, unique, bien bordélique
Schizophrénique.
Emilie
L., se pointe
Je parle, longtemps, longuement, est-ce fouillis,
je raconte, je tresse, tricote, brode, construis, je suis un tisseur
Elle fait une photo, la revue, le site et moi
Ma tronche, haine
de ma tronche, dans le journal de mes amis, de mon train, de mon supermarché,
de mes bars
Horreur.
Emilie est sympathique, toute motivée par ce qu'elle fait, et
elle fait beaucoup donc
J'attends de voir son article, et espère
que le rédacteur chef lui filera l'exemplaire que j'ai fait envoyé.
Je reprends, à son départ, mon rythme solo, téloche,
son, lecture et mails : Isabelle, me remerciant, m'annonçant
son inspiration noctambule
J'attendrai.
Puis Claire F., déjà, relation épistolaire, confessions,
propos, douceur, compréhension, un peu peur au début,
similitudes, avec Caroline (intelligence, torture, belle écriture)
comédienne ? Théâtre
Je souris.
Elle ne veut pas m'appeler ce soir, là, une nuit, peut-être,
mais pas envie de lancer ses seins en avant, à l'abordage de
mon répondeur. Ce n'est pas une obligation.
Même si c'est vrai, je l'avoue, la coquine allusion mammaire d'Isabelle
m'a émoustillé l'imaginaire. Mais je suis bien plus résistant
que cela. Même si là-haut, cela s'agite gaiement.
22h00,
Rodolphe appelle, il passe dans une heure, 22h02, Sophie, pas loin,
elle passe me voir aussi, 22h05, Sébastien, à un barbecue
près d'ici, idem
Retour aux Sources
A Touquin,
c'est le feu de la St Jean, j'y serais bien allé.
22h14,
je découvre un mail d'Isabelle
Elle me parle de son ami
Xavier (salut Xavier !), serais un clone de lui, plaisant à lire
Je lui dis c'est pas la bonne tactique d'approche d'un auteur égotiste
que de la comparer à un autre
Mais belle stratégie,
ses loches en avant, et pis, le pote en embuscade. Merde, moi qui pensais
à ma libido locheuse. Surtout en lisant Histoire d'amour
où les aréoles ont une présence si dure
Xavier, tu m'écris quand tu veux
Surtout si on est si identiques
Pour la revue, demandez-la aux libraires, même sans l'acheter,
ça fait bouger les choses
Bon, je suis tout frustré d'un coup, ma belle poitrine disappear
Je
m'étais fait un trip au conditionnel, bien dans ma lecture du
jour, je l'aurais invitée à passer chez moi, un week-end,
une semaine, un mois, un jour, une nuit, ce qu'elle aurait voulu. J'aurais
donc découvert son opulente poitrine, elle m'en aurait confié
la garde pour le temps de sa présence. J'aurais aimé sa
lourdeur, ses mamelons dures, ses aréoles titillées, son
odeur, sa sueur
Ils auraient pris des formes malléables
à mon envie, à mon toucher, je les aurais léchés,
mordus, caressés, embrassés, mangés, piétinés
(lingualement), écrasés et libérés
J'écris et attends Sophie, sors de ma douche, serviette, et ma
bite, bander
Ne plus, car si elle arrivait.
Isabelle, je te remercie ! Xavier, écris moi. Et dernier point
avant d'aller enfiler un calbute, JE N'AIME PLUS PAS CAROLINE ! Je ne
peux aimer une fille qui m'aime pas, cela serait injure.
Sophie est devant moi, je sursaute dans l'obscurité de l'appartement.
Je ne l'avais pas entendu, pris dans la lecture d'un mail d'Isabelle
qui rectifiait mon interprétation, et me garantissait qu'il n'y
avait aucune " méprise "
Sophie, je parle, nous parlons, évoquons ce journal, " moins
hétéroclite " depuis quelque temps, " beaucoup
le mot bite aussi ", oui, c'est le réveil de ma bite ; ferait
un bon sous-titre à mon année 2003
Rodolphe nous rejoint, étonnement, il arbore une chemise de couleur
et de fleurs, à la Rick dans Magnum. Je le chambre, ça
met un peu de joie, de légèreté
Un instant,
pour elle, pour nous
Gravité revient, Rodolphe apprend
la tristesse de Sophie, lui très en enthousiasme ce soir, puis
nous évoquons Cyril, et donc Caroline dont Sophie ignore tout,
Cyril ne lui en parlant pas. Elle trouve dommage mes propos sur son
imbécillité, mais personne ne peut affirmer le contraire.
D'ailleurs pour elle, il ne se rend compte de rien, " c'est un
gamin "
Oui, je sais, et de toute façon, nos routes
se seraient séparées, quelques jours avant de partir à
Antibes avec lui, je lui faisais la remarque que notre amitié
ne tenait que par nos souvenirs d'adolescence, car nous n'avions rien
d'autre en commun. Je précise aussi que j'ai toujours tenté
de le maintenir, de l'encourager : proposition de stages à Comédie
!, présentation de personnes à occupations " artistiques
"
Tenter de lui apprendre à lire, prêter des
bouquins, éveiller quelque chose d'autre que sa gentillesse innée.
Sophie me trouve dur, mais ni elle, ni Rodolphe ne peuvent porter un
jugement plus humain sur lui ; c'est un crétin humainement charmant,
mais un imbécile, dans la grande tradition philosophique. Je
suis sûr également que Caroline pourra le motiver, elle
ne pourra pas se satisfaire de sa bite, de son cul, de ses lèvres
et de " son irrésistible sauvagerie " longtemps, c'est
une fille de charisme
Donc, elle pourra faire ce que j'ai échoué,
l'ouvrir un peu au monde réel, lui apprendre à écrire,
à lire, à enfin réaliser ses trucs au lieu de toujours
maudire les autres, " c'est la faute des CPE, du proviseur, du
patron, de ma soeur
", et puis, elle pourra le faire tourner
dans ses courts. Mais non, Sophie, je ne suis pas dur, je largue ce
boulet avec le plus beau des cadeaux, une femme, une femme émulatrice
C'est vrai aussi qu'il y eut des dommages, de réels ; elle revient
sur notre rupture comme parallèle lorsqu'un salaud de l'Education
Nationale (incompétent, maître chanteur, trompeur, menteur
)
m'avait collé un rapport, et qu'elle n'avait pas bougé,
si pas bougé qu'elle a désormais un poste de CPE dans
cet établissement de la honte, du népotisme et de l'horreur
du cynisme
J'ai perdu en ce jour la confiance absolue en notre amitié, celle-ci
est désormais relative, liée à notre passé,
à nos souvenirs en commun, et à nos qualités humaines
Avec Cyril, c'est autre. Tous sont d'accords pour dire que partir avec
une fille qui fut avec moi, sentimentalement et sexuellement, est impardonnable
; même s'il est un gamin qui ne se rend compte rien
Je sais
qu'il sait, je sais qu'il sait depuis le début, dès le
premier jour, j'avais senti son amour pour elle. Par amitié,
j'avais tout fait pour les rapprocher, pour lui faire plaisir, lui qui
connaît que l'échec, moi étant plus fort, étant
hors de grâce à tous les projets qui peuplent ma
tête, mais elle avait résisté, persisté à
me dire " toi, toi, toi
". J'y ai bêtement cru,
craqué
Mais jamais dupe. Je savais tout cela, je l'avais
écrit, bien avant cette rencontre. Mais du volontaire, cela été
passé au malgré.
Nous buvons
un verre à la Libération
Rodolphe se fait joyeusement
chambrer, tout y passe, Magnum, Barnum, Rodolphe encaisse et vide son
Casa
Sébastien, Andrew, Laetitia et Stéphanie nous
rejoignent
Puis, nous sommes en partance pour les Sources. Là-bas,
Xavier (introuvable puis derrière le bar), Corinne (qui me remercie
pour ma lettre et le livre de Valérie), Pascale qui vient me
dire bonjour, me parle, me sourit (j'ai écrit des beautés
et des horreurs sur cette beauté Renaissance), Audrey qui heureuse
de me voir me file le numéro de sa sur, seule à
Narbonne, me motivant par Carine est toujours très heureuse (insistant)
quand je luis dis que j'ai vue Stéphane
Nous sommes près de la cheminée, quatre filles dont Pascale
et Audrey sont assises sur le grand fauteuil près du bar, tout
près de nous. Je fixe devant moi, les gens qui passent, Sébastien
qui gesticule hilare devant Stéphanie en grande beauté,
je plaisante à Rodolphe que le fauteuil près du bar doit
être la tribune " femmes de barmen "
Rires.
Plusieurs regards avec Pascale
Aimables
Nous partons, lui
fais la bise, puis, demande à Rodolphe deux minutes, je repars
sur mes pas, pourrais-je avoir un moyen de te contacter, elle sourit
d'un visage infini, je réitère grammaticalement différent
ma doléance, elle sourit toujours, petits rictus successifs,
se fout-elle de ma gueule, là, un barman se pointe et l'emballe,
elle me glisse laisse-moi ton téléphone Stéphane
Je me casse, elle danse enlacée avec lui. Comme quoi les sourires
Sur le parking, je souris à une fille dans une voiture, Rodolphe
m'interpelle, quelqu'un te connaît dans la caisse
Alysson
au volant
Attends, attends, dit-elle, j'en ai peu envie après
l'épisode vexatoire d'avec Pascale
J'attends tout de même,
elle sort enfin, nous n'avons rien à nous dire, elle s'enfuit
après quelques mots, à une prochaine, on se contacte
Chez moi, messages d'Isabelle
Je me couche harassé.
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