Chroniques de la haine ordinaire Les
orphelins ne s'imaginent pas l'acharnement à survivre dont sont
capables certains octogénaires pour le seul plaisir de raconter
leurs congés payés au Tréport en 36 à des
gens qui s'en foutent. Ça dort à peine trois heures par
nuit, ça consomme cent vingt-cinq grammes de mou par jour, ça
ne tient pas plus debout qu'un scénario de Godard, mais ça
cause... Chroniques de la haine ordinaire Ça
y est. Ça recommence. Y'a ma libido qui me chatouille. Jarrive
plus à bosser. Coucher, baiser, sauter, y a plus que ça
qui compte, je narrête pas. Chroniques
de la haine ordinaire Lamour...
il y a ceux qui en parlent et il y a ceux qui le font. À partir
de quoi il mapparaît urgent de me taire. Fonds de tiroir
Jai fait tous les métiers sauf prostitué : jai
horreur quon me souffle dans le cou quand je cherche le sommeil. Chroniques
de la haine ordinaire (inédit) Lhéroïsme
est la seule façon de devenir célèbre quand on
na pas de talent. Hélas, la paix, qui est le mildiou de
lhéroïsme, séternise en France, et je
me vois mal héros ailleurs. A la rigueur, jaurais pu faire
pilote de camion-suicide au Liban, mais je nai pas mon permis
Chroniques
de la haine ordinaire (inédit) Double
V.C. Fields disait : " Quelquun qui naime pas les enfants
ne peut pas être tout à fait mauvais. " Je ne sais
pas si Monsieur Fields a raison. Tout ce que je sais cest que
le bon Dieu la puni en lui donnant un prénom de chiottes.
Cest bien fait. Manuel
de savoir vivre à lusage des rustres et des malpolis Pourquoi
l'idée que mes enfants souffrent m'est-elle si complètement
insupportable, alors que je dors, dîne et baise en paix quand
ceux des autres s'écrasent en autocar, se cloquent au napalm,
ou crèvent de faim sur le sein flapi d'une négresse efflanquée?
Chroniques
de la haine ordinaire Les
enfants ne sont ni des hommes ni des animaux. On peut dire quils
se situent entre les hommes et les animaux. Observons un homme occupé
à donner des coups de ceinture à une petite chienne cocker
marrante comme une boule de duvet avec des yeux très émouvants.
Si un enfant vient à passer, il se met aussitôt entre lhomme
et lanimal. Cest bien ce que je disais. Chroniques
de la haine ordinaire Août
est vulgaire. Transparents et mous, les méduses et les banlieusards
échoués sy racornissent sur le sable dans un brouhaha
glapissant de congés payés agglutinés. Août
pue la frite et laisselle grasses. En août, le pauvre en
caleçon laid, mains sur les hanches face à la mer, lil
vide et désemparé, nose pas penser quil semmerde.
De peur que lomniprésence de sa femelle indélébile,
de sa bouée canard grotesque et de son chien approximatif ne
lui fasse douter de lopportunité du front populaire. Chroniques
de la haine ordinaire Est-il
Dieu possible, en pleine mouvance des droits de la femme, que des bougresses
se plient encore aux ordres fascisants dune espèce de Ubu
prostatique de la mode, qui au lieu de crever de honte dans son anachronisme,
continue de leur imposer le carcan chiffonneux de ses fantasmes étriqués,
et cela, jusquau fin fond populaire de nos plus mornes Prisunic
? Textes
de scène Par
la suite, et jusquà la fin du spectacle, lauteur-interprète
ne cessera dafficher un mépris assez surprenant pour ce
merveilleux métier de saltimbanque qui permet à lhomme
de laisser enfin léblouissante créativité
fantasmatique de son ego profond, trop souvent engourdi dans les méandres
sournois dun quotidien démobilisateur dont on ne saurait
taire plus longtemps, linfinie détresse avec deux
" s " également. Résumé
Théâtre Fontaine (
)
Le personnage public se doit de rester humble et lucide face au légitime
engouement dont il est l'objet.La première fois que j'ai sorti
mon museau de devant la télé pour le mettre dedans, (
)
Jacques Martin me voyant un jour ronronner de vanité nouvelle
au milieu d'une brassée de téléspectateurs à
stylos brandis, me fit une remarque que je n'ai jamais oubliée
et qui me revient en mémoire chaque fois qu'un quidam enthousiaste
me phagocyte les baskets, m'imposant ainsi à l'esprit l'idée
saugrenue que je ne suis pas de la merde.- Vois-tu, (
) mon cher
Pierre, il est important que tu saches que le nombre de gens qui te
voient en une seule soirée est à peu près trente
fois supérieur au nombre total des gens qui ont vu Louis Jouvet
pendant toute sa carrière.Il est de fait que si chaque nouveau
starillon ululeur de rock départemental, si chaque nouvelle célébritouille
microphonique, si chaque détenteur de sourire de lavabo pour
grabataires finissants méditait un instant cette remarque pleine
de bons sens, combien de têtes de cul poudrées resteraient
sur leur commode avec humilité, plutôt que de s'élever
jusqu'à hauteur d'écran pour nous infliger les rots convulsifs
de leurs malaises gastriques à l'heure apaisante des digestions
assises. Chroniques
de la haine ordinaire : La gloire "
Ce quil nous faudrait, cest une bonne guerre ! " Manuel
et réquisitoire E. Charden Lossuaire
de Douaumont est très joli. Il contient les restes de 300 000
jeunes gens. Si lon mettait bout à bout tous les humérus
et tous les fémurs de ces garçons et leurs 300 000 crânes
par-dessus, on obtiendrait une ravissante barrière blanche de
2 476 kilomètres pour embellir le côté gauche de
la route Moscou-Paris. Allons,
boutonneuses et boutonneux, ne nous gaussons plus de la guerre de 39-45
sans laquelle lhumanité naurait jamais découvert
le Zyclon B, le général de Gaulle, la bombe atomique et
le bas nylon indémaillable sans lequel la jambe de la femme ne
serait jamais quun vulgaire membre inférieur. Deux
péronnelles à peine réglées - à en
juger par le timbre juvénile de leur crécelle - jouaient
à faire un débat sur le thème de la drôle
de guerre : " Ah ben moi, disait lune, quest-ce que
jen ai à foutre que ça soye les Allemands ou que
ça soye les Français qui-z-ont gagné la guerre.
Nous on est des jeunes et on a des problèmes des jeunes qui zont
des problèmes ". Réquisitoire
contre Ariel Zeitoun (inédit) Bien
plus que le costume trois pièces ou la pince à vélo,
cest la torture qui permet de distinguer à coup sûr
lhomme de la bête. Dictionnaire
superflu à lusage de lélite et des bien nantis Comment
espérer en lhomme? Peut-on attendre le moindre élan
de solidarité fraternelle chez ce bipède égocentrique,
gorgé de vinasse, rase-bitume et pousse-à-la-fiente? Fonds
de tiroir Je
recèle en moi des réserves d'ennui pratiquement inépuisables.
Je suis capable de m'ennuyer pendant des heures sans me faire chier.
Fonds
de tiroir J'essaie
de ne pas vivre en contradiction avec les idées que je ne défends
pas. Fonds
de tiroir Lélite
de ce pays permet de faire et défaire les modes, suivant la maxime
: " Je pense, donc tu suis. " Fonds
de tiroir Pourquoi
? Pourquoi cette fausseté dans les rapports humains ? Pourquoi
le mépris ? Pourquoi le dédain ? Où est Dieu ?
Que fait la police ? Quand est-ce quon mange ? Fonds
de tiroir Je
manifeste toujours tout seul. Textes de scène "
Jean Jaurès? C'est une rue, quoi ! ", me disait récemment
l'étron bachelier d'une voisine, laquelle et son mari, par parenthèse,
acceptent de coucher par terre chez eux les soirs où leur crétin
souhaite trombiner sa copine de caleçon dans le lit conjugal. Chroniques
de la haine ordinaire Je
suis de jour en jour un peu plus consterné par lincommensurabilité
sidérale de linculture des jeunes. Textes
de scène Peut-on
revendiquer comme un exploit dêtre lécrivain
le plus doué dans cette génération post-soixante-huitarde
de consternants tarés analphabétiques débordant
dinculture, que de soi-disant enseignants mongoloïdes, grabataires
du cortex avant la quarantaine, continuent à mettre à
labri du moindre effort de découverte pour ne pas leur
perturber leur petit caca dego avec ou sans trique, et ne point
épuiser leur frêle intelligence tendre chrysalide. Vivons heureux en attendant la mort
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