Charles
Pépin répond à mon message déposé
sur son répondeur. Il part en vacances, il est hyper pressé.
Il me dit qu'il me fait envoyer son livre, "Les infidèles",
le plus rapidement possible. Je n'aurai pas de dédicace, regrette-t-il,
mais, moi, ce qui m'intéresse, c'est le livre. En
fin de journée, je rejoins Pascal Bories et Laurence Rémila
dans un bar près de Jaurès. Pascal
nous rejoint avec un peu de retard. Nous avons pas mal discuté,
donc, avec Laurence. Il est impassible sur sa chaise. Pascal s'assied,
tout minot, bien rasé. C'est bien un clochard propre. On
parle d'écrivains, des sorties attendues, des prix envisagés.
Je parle de Charles Pépin, très attendu chez Flammarion,
de Yann et de son "Podium" de fou, on aimera ou détestera,
il risque de se prendre de belles gifles, mais aussi de très
douces caresses. Cloclo est-il toujours porteur ? Réponse en
septembre. Certains le voient pour le Goncourt. Pour
beaucoup (Ardisson, Taddéï ou Beigbeder), la rentrée
sera nabienne. C'est le tour de Nabe de goûter aux délices
médiatiques, F2, F3, F5, du câble à se pendre. Parmi
nous trois, Laurence est le nabophile absolu ; pour ma part, je ne l'ai
jamais lu. J'ai trop peur de m'engloutir dans son exubérance.
J'ai peur des gros encriers, Nabe ou Dantec. J'ai besoin de courts livres,
de romans, de leçons, de moments de vie. Pas de théories,
de dogmes, psalmodiées sur des tonnes de pages. THTH,
l'homme au cuir "approved by himself", téléphone
à Pascal et lui propose une soirée dans le squat d'un
styliste. Nous devons le rejoindre sous le pont en face, à la
station Jaurès. Le
squat est à Place de Clichy. On remonte une grosse artère
puis nous prenons un petit chemin pavé, comme dans mon petit
village, avant la bitumisation excessive de notre ruralité. Il
y a un étage en mezzanine sous le préau, un type y est
installé et passe des disques : du bon, du rock, du funk brownien,
que du très, très bon, assonances punk, allitérations
pop. Ça change de DJ, les "Mouloud", "Medhi",
"Smagghe", ce genre de truc bien relou à la force.
Ici,
par contre, c'est ambiance à la maison, des bonnes tronches,
des filles souriantes : je rencontre un ami de Sandrine, la "cybersiren".
C'est également un maître partouzard et un ami de Patrick
Williams, Simon, semble-t-il. L'apparition.
Deux jeunes brunes, belles, ciselées, classes, précieuses
détonaient du lot de jolies filles des près. On n'avait
pas manqué de les repérer avec Pascal. L'une des deux
me faisait penser à la copine chieuse et boudeuse de Pascal,
Mélanie, je crois. Le
jeu devient de plus en plus difficile, dans un si petit espace, c'est
délicat d'esquiver des loules. Surtout que je n'ai "rien"
d'autre à regarder. Je
m'étouffe en moi ; j'étouffe une rage de me jeter contre
les pans du mur pour m'ôter son image de mon esprit, indélébilement
imprimée. Je discute en lui tournant le dos. J'essaie de l'esquiver,
de l'éviter, de l'oublier. Impossible. Horrible. Désespérant.
Le
départ est long. Pascal part pisser dans un coin, THTH parle
avec des artistes "underground" ; qu'est-ce qui fait l'artiste,
son travail ou son côté underground ? Suffit-il d'être
pouilleux pour être artiste ? Qu'est-ce que cette histoire d'underground
? Un microcosme, identique à tous les autres, de province, de
village, de quartier, de passion, où tous les intéressés
se connaissent. De la branlette. Après
une longue attente où Aurore discute avec tous les hominidés
édentés présents, nous, Pascal et moi, décidons
de nous casser. Je boufferai donc mon grec comme un con...
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