En ce moment, j’ai le " boogie style " avec les filles, femmes, personnes féminines. Je me sens bien, à l’aise, en " équilibre ". Grâce à Marjorie, que je ne " connais " toujours pas. Même si j’estime la connaître tout de même après 2600 mails. Et une première expérience de cyber-drague, ou de cyber-érotisme. Et un appel téléphonique de 5h, de tendresse, de drôlerie, d’intensité.

Je pianote, entre mes mails de potes, des messages à Séverine, coquine sympathique et dramaturge, à Marjolaine, tendresse absolument, à Chloé, pur délire et frénésie de la découverte, et donc à Marjorie, où, il faut l’avouer, la fougue a tout de même perdu en intensité, justement.

13h, métro " Vavin ", en bas de la ligne 4, je dois retrouver à la " Rotonde " la charmante Chloé.
J’y suis. Je suis conduit à m’installer par un garçon café, qui a une longue silhouette très Montand, du côté de la brasserie. Je m’assieds. Mais comment la reconnaître ? Sur les petites photos, espionnées sur le web, elle a l’air d’un petit bouton de bichonnade. Toute mimie quoi.
La réalité est souvent détrompeuse.
J’aperçois une jeune femme, carré court noir, dark vêtue, et affairée en lecture : est-ce le petit chou de la photo ?
Oui et non. Il y a toujours cette sensation de candeur, mais c’est bien une femme, ravissante, qui se trouve devant moi.
Je déménage mon barda à sa table. Évidemment. Elle commence par m’offrir des livres, youpi, dont le sien avec le bandeau " Prix de Décembre " (décerné, enfin !, cette année à Pierre Michon). Elle est toute gênée par cet oubli, pourtant ce n’est pas bien important. On bavarde. Je l’écoute. Elle m’apprend plein de trucs ; j’y connais rien en revues expérimentales, ou dans les méandres de " Chronicart ", les " Cros ".
J’essaie de ne pas focaliser exclusivement sur sa lèvre supérieure, mais le charme a pris. Elle est à l’attente de mes ambitions, rigolote, inspirée, fatale.
On parle de son premier bouquin, que j’avais beaucoup aimé, je découvre de sulfureux secrets d’écrivains. Certaines scènes se révèlent abominables par leur teneur en " réalité " féroce et glauque.
Je n’arrive pas à ne pas penser à Régis, je l’invite enthousiastement à se procurer " l’apologie ".
De ces récits, un nom ressort, " Medhi Belach Kacem " : je n’aime pas ce type. Il m’est humainement antipathique. Que cela soit écrit.

Ce qui est drôle, c’est l’état de dogmatisme des types qui tournent dans ces constellations de revues " exigeantes ", expérimentales, masturbatoires, " illisibles "… Le côté " ne pas trahir la cause "… ça fout un peu les jetons. Non ?
Et puis, c’est drôle aussi, sans connaître les trucs des " Cros ", mais j’ai pas la sensation que cela soit d’une ambition tonitruante.
Bon, la miss " label de qualité " est la petite amie du rédacteur chef (un titre que j’honnis), ce qui nuance à mes yeux son " Incorruptibilité ". Et c’est tant mieux. Je n’aurais pu être charmé par une Robespierre en bottines de cuir.
Par les bottines, oui.
Je lui demande dans ses rejets de Léo, éditeur lionais ( ?), de m’envoyer les " nazes " : bordel sera la revue des nazes ! Excellent, je l’adore cette petite grimaçante, hein mémé ?

Je la quitte, sans prendre le temps d’apprécier son accent sur mes joues.
Arrivé au taf, je maile à tout va, à FG, à Néo, à ÉricBB, à la douce Chloé et à RC. Va lire Chloé Delaume, mon tendre Clinclin, ça ne peut que te plaire, sans compter vos accointances musicales (Badcave et cetera).
Drôle, chacun m’envoie un mail pour me dire qu’ils ont fait des recherches sur le livre de l’autre, et qu’ils vont l’acheter.
Encore une Victoire pour Super Million !

Assez rigolé, les perdreaux. 19h, Flore, avec FZ, qui signe du panache de sa houppette flamboyante.
Beau, Bon, Juste comme Chloé… Mais deux positions " assez " " opposés ". On discute de bordel, on parle du Landerneau littéraire, de mon parcours calme et serein, d’untel ou d’un autre, je lui apprends que Benoît est chez Denoël, en conseiller, et que la Bella Delaume fricote avec un " Jérôme ", chef des " Cros "…
À l’américaine, une demi-heure, de belle discussion. Je lui file en partant le texte GÉNIAL et jubilatoire (copyright Télérama) de la petite sur les écrivains " poucras " (euh, " Nous ").

21h30, je passe chez mon ami Pascal, coup de vent, je pose mon sac à dos de campeur urbain. On discute un peu tout de même pour que j’arrive en retard aux " Twins " où j’ai rendez-vous avec Régis.
Il y a deux Régis :
Le barbare mal fagoté, cromagnonesque, hirsute et débraillé…
Et le mousquetaire Desperado, chemise ouverte et broussaille à l’air !
C’est Athos que je retrouve donc dans ce resto où toutes les clientes sont jolies, où les serveuses sont boudinées. Un concept sympa.
EricBB et CharlesP n’ont donné aucune nouvelle. On dîne ensemble, entre " mec " !

Histoire adorable :
Il était une fois un homme ronchon, habillé comme un péquenot, minant sa tristesse dans les allées encombrées de la FNAC de Boulogne. Seulement six caisses. Le jeune errant choisit celle d’une jeune frappadingue, " un peu délurée ". Mais comme dans les contes, et ceci l’est peut-être, la caisse se détraqua, et la queue se prolongea.
Un vieux type chafouin pervers reluquait les loches visibles d’un décolleté libertaire de la jeune coquine. Tout ça devant sa femme et son landau.
Vint le tour du jeune sauvage, ragaillardi par tant de douceurs. La machine repartit en caprices, et la discussion s’ouvrit entre les deux jeunes gens. Le vieux pervers revenant à l’assaut, pour réclamer sa carte oubliée.
Le jeune gaillard s’en alla, des images de délices plein les mirettes.
De cette vision, il n’était pas possible d’échapper. Il écrivit une jolie lettre, et métamorphosé en mousquetaire séduisant, tel Castiglione, le jeune homme retourna à la FNAC pour lui remettre la missive.
Pour cela, l’alibi d’un achat de livre lui semblait indiquer. Par un ami fidèle, il acheta " Le cri du sablier ", et les mains moites, il se dirigea vers la même caisse, celle où la jeune " délurée " était, par miracle, encore présente.
Les choses étant belles, la jeune femme le reconnut et vit en lui un artiste, ce qui l’était. Elle-même étant comédienne et chanteuse. Il lui confia sa lettre, " ce n’est pas une déclaration d’amour, mais j’aimerais quand même que vous la lisiez plus tard "…
Ainsi la vie est simple et belle pour les artistes, c’est ainsi.