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Mais
la perspective de devoir rentrer à pied de Place de Clichy, et
à quelle heure ? Je bosse, et j'ai la revue dans la tête
presque tout le temps. J'attends les livres de copains, Yann, Nicolas
et Charles. J'ai des textes à pondre, des gens à contacter
et mon taf aussi, il ne faudrait pas que je l'oublie. Non,
je plante Willy, qu'il butine gothiquement tout seul. Je le verrai le
lendemain, ou un jour prochain. Je remonte vers République, j'ai
envie de revoir la petite serveuse du "Charbon". Depuis que
Nassif a déblatéré sur cette usine à hype,
je n'arrête pas de m'y retrouver. Pure coïncidence
J'arrive,
cool, serein, être cool, souriant, dynamique, vivant. Les femmes
ne sont jamais nécrophiles. M'asseoir,
ou trouver un endroit. Une seule table, au milieu, perdue au milieu
d'une mare des personnes buvantes, rotantes, pétantes, discourantes,
navrantes. Je
commande un "Cuba libre", un rhum-coca donc. Je le bois et
observe mon environnement. J'invente un nouveau jeu : déceler
le niveau d'humanité en matant le visage et ses mimiques. L'intelligence
n'est pas mieux partagée que la beauté : les cons sont
majoritaires. C'est inscrit sur le visage, regardez bien. Mais ils sont
si nombreux, qu'ils ne voient rien, et c'est bien normal. Je
bois mon drink et m'évade dans la ceinture abdominale et charnue
de la petite, cercle de gras, de douceur, de peau rose dépassant
de son t-shirt trop court, cachant son nombril mais non son anneau délicieux,
je la dévorerais. Je
balance 10 euros et me casse. Je voulais boire et la voir : j'ai bu
et j'ai vu. Je sens son regard sur moi, je ne veux pas qu'elle me parle
de ma monnaie, cette sotte. Je me barre rapidement. Dans la rue.
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