21h29, je viens d’appeler " Isa ", Isabelle, l’ami de Marjorie. Marjorie n’était pas là, elle est sortie prendre l’air, un peu. Elle a une voix charmante, douce, belle. Elle est un peu malade, elle se couchera tôt, après 22h, elle s’endormira. Je lui dis qu’elle a deux jours pour se remettre en forme.
Elle m’est agréable, et sympathique. Cyril, toujours dyslexique du ciboulot sera heureux. Ce soir, ses mails mystérieux m’agacent. Ses non-dits m’énervent encore plus que de savoir ce qu’ils peuvent bien cacher.
Ne rien cacher, c’est ce que je disais à Chloé, qui m’est aussi de plus en plus sympathique ; son cri est une constellation de madrigaux délicieux. Je n’écrirai pas la " critique " que FG voulait, je l’aime autant que son livre. Je me suis rendu compte, dans le bus de ce soir, que je ne suis pas critique, et que j’aime les livres dont je ressens que je pourrais être ami avec l’auteur. Je suis ami avec elle, je ne suis pas critique.
J’écoute en ce moment même la piste " 3 " de l’album de Jérôme Attal, " Genoux, hiboux, cailloux ", la chanson s’appelle " pornographie "… belle pour bordel, l’album est dans mes goûts, oserais-je parler de Philippe Katerine, de Julien Ribot ou Vincent Delerm… " Audrey Anderson ", j’adore !
" Isa " me rappelle et me donne le numéro de Momo, Marjorie est avec lui. J’écris le n° sur ce doc Word. Je raccroche, et j’écris, j’écris ces lignes, et j’efface le n°. Imbécile. " Complètement débile " bip, bip, bip…
La piste " 6 " de cet album reçu ce soir, dans le noir et pluie grise, comme la littérature des bureaux, moche, c’est moche de ne pas aimer les mioches, petit lapîn.

J’ai déjeuné avec " le petit lapin ", et Néo, flamboyant. Trinité en rotonde. Michel-Ange écrivit de sublimes madrigaux. " Pour la rendre belle, je puis faire davantage que la Nature ". Un rigolo, une rigolote, et moi. Pour une fois, pas boute-en-train. Observateur, à l’écoute de ces deux êtres désirables, bons. Je te rassure Néo, c’est un désir de forte amitié, de fantaisies chevaleresques.
Chloé a un pull mauve, lilas, Tiepolo, encore lui… Mauvais peintre, ensorceleur, imposteur.
Ce matin, paradant, pétaradant de mon éloquence de mes moments " théâtraux ", avec mes compagnons de route, celle, longue et chiante de Provins à Chessy, je me suis tout de même échappé un instant, dans les songes les plus tragiques. Un petit peu avant le dernier " stop ", la belle inconnue du bus, qui me fuit, j’en suis sûr, elle ne monte plus au même wagon, s’étire, ses bras sortent du caché du fauteuil, enrobés de laine mauve, ils forment un " V " comme la fille des déodorants, belle et danseuse aussi, elle enfile ensuite son manteau, gracilement, ses longs cheveux lissés sont ressortis de celui-ci par des gestes précis, de geishas, quotidiennement répétés, elle dodeline une dernière fois de la tête, et d’une main experte, elle dégage ses petites oreilles.
Beauté.
Plaisir.
Larmes, dans l’œil, derrière, à l’intérieur, larmes internes. Hémorragie mièvre.