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Bon anniversaire Jean-Paul !
Vieux
pote Portugais, Polonais, enflure de Monégasque, et saloperie
de bon copain !
Te rappelles-tu les castagnes que l’on se fichait, gamin, sur la
place de la mairie, ou au terrain de sport ?
Je t’agressais d’un " fils de Portugais " et toi,
d’un " fils de divorcé " ! On se chamaillait bien
maladroitement !
Combien de fois, nous sommes partis du terrain en colère, en
furie, en amies, aussi.
Vieux Paul. Brave Paul. C’est dans les vieux copains, qu’on
fait les meilleures soupes, n’est-ce pas ?
Rien maintenant ne pourrait nous irriter, ou nous énerver mutuellement,
l’un l’autre. Même tes frangins, maintenant, sont des
types ouverts et extras. Minot, je charriais leur timidité, leur
mutisme, voire leur autisme. Désormais, ce sont de braves hommes,
d’honnêtes hommes. De grands hommes, aussi. Portugais, Polonais,
baratin de gamin tout ça !
Bien à toi, mon ami. Je te laisse un message sur ton portable,
dans quelle moiteur baguée es-tu encore ?
À toi, mon ami couvert de femmes, mariées.
La
maison aux yeux bleus :
Je
rejoins Tébé pour déjeuner. Je l’entraîne
à la paella, restaurant de stuc et de toc, aux lumières
bleues et à la moquette rouge, kitsch à souhait !
Nous nous installons à la même table que celle que nous
avions prise avec Pascal (Dabug). Il me parle de son projet de magazine,
veut connaître mes impressions, mes pensées spontanées.
Je suis faible en pensées instantanées, j’ai besoin
de mariner un peu. Comme la sauce d’un bœuf bourguignon de
ma grand-mère, je crois. Je suis nul en sauce, en glaçage,
ce genre de technique culinaire.
Le concept est marrant. Indubitablement original et rigolo. Au fil de
la discussion, je comprends mieux le contenu de cet objet loufoque.
Il me confie la rubrique " culture ". J’ai déjà
quelques idées pour ma maquette, de livres, de théâtre,
d’expos. Je ne sais pas si je traiterais de cinéma.
Je
rejoins AS, l’homme au petit livre Orange. Nous avions convenu
d’un rencard à l’Holiday Inn de République.
Il est un peu en retard. Je suis assis en plein soleil, en terrasse,
mais derrière le mur de vitres.
Je guette à droite et à gauche, une jeune fille assise
à la table d’à côté, lisant des notes,
me regarde avec effarement, me prenant, certainement, pour un obsédé
et un dragueur bien lourdingue et insistant.
J’aperçois le crâne chauve d’Alain. Je lève
ma Leffe en signe de reconnaissance.
Il s’assoit déjà bien en nage, en rage, aussi. Il
s’est pété la main en moto en tombant à cause
d’un monticule que la mairie a installé pour prévenir
de la vitesse autoroutière. Il vocifère, déjà,
et me parle de porter plainte " pour atteinte à la vie ".
À l’intégrité physique, dans ce style.
Pour
notre première rencontre, elle commence sur les chapeaux de roues,
et des postillons énervés, exaltés. " Les
cons " en prennent pour leur matricule. Ça va à une
vitesse folle, il me parle de l’essai qu’il prépare,
sur l’aristocratie autoproclamée d’une oligarchie raciale,
" élue par Dieu ". Bon, on parle de l’affaire
Renaud Camus, des propos débiles béhachéliens,
tenus par Finkielkraut, Élisabeth Lévy (il me raconte
ses mésaventures avec " Marianne "), Konopnicki…
Remarquons, déjà deux " Marianne " dans ce trio
de salauds.
Laissons un peu de suspens sur le projet de l’enragé aux
yeux bleus et rouges, injectés de " couilles ", car
" moi, j’ai les couilles de faire ça, et je sens que
le moment est venu ".
Il me parle de Moix, qu’il pense être un gars qui peut comprendre
cette frustration, et colère, face aux lobbies ici dénoncés.
Il l’apprécie parce qu’il a défendu son livre
dans " Elle ". Mais aussi parce qu’il s’insurge
sur le kidnapping de Péguy par ces sophistes de l’intolérance
et du communautarisme.
Il me parle de Nabe avec qui il vient d’avoir une discussion, quelques
jours avant, et de son manque de culture, le petit ignorant tout de
la " seconde gauche ". " Les types sont des incultes,
pas beaucoup de mon niveau ".
Il parle encore, d’Ardisson qui le comprend, des coupures de "
Tout le monde en parle " avec Anouk Aimée qui le traitait
de " nazi " et " d’antisémite ", des
" pédés " et des " juifs " de Libé,
de la censure de " Culture et Dépendances " (avec Elisabeth
Lévy), de son idée de revue, de sa croyance en des revues
thématiques, au fait que les gens désirent du " sens
".
Il
sera demain, et dimanche aussi, à la fête de l’Huma.
Il se dit " communiste ", et n’a pas d’antipathie
particulière pour Le Pen. Il se voit en " Pym Fortuyn ".
J’arrive à placer un mot, " oui, mais vivant ".
Régis,
tu avais raison !
Je
rejoins Cyril à Coulommiers, deux cafés, près de
la place pavée, j’y rencontre Jean-Pierre, CPE à
Cormiers. Le seul du trio de guignols qui mérite un peu d’estime.
Puis, à la Libé, où Raymond passait ses skuds de
punk, ou de rock alternatif : " L’âge d’or "
de Métal Urbain, Gogol, Ludwig, Parabellum… Les Wampas,
évidemment.
Libé,
à Coulommiers, à la faune hallucinante et magnifique :
Vince, sa crête et ses percing aux lèvres, sa copine punkinette
très " Palace " tendance Pacadis-Adrien 78, Davina,
mi rasée derrière la tête, des clones loufoques
de Sinclair, cheveux en pétard, des crânes rasés,
des dreads, des ravers, des skaters, des rockers old school, des rugbymen
et des dandys joyeux (moi). Bien plus trendy que tous les bars d’Oberkampf
!
Aux
Sources, avec les vieux punks dans l’âme (Cyril, Hugues,
moi), Raymond, et le petit Vince qui balade sa crête et ses bijoux
dans ce piano-bar cossu et cosy. Il me racontait qu’ils avaient
dîné au nouveau chinois, et que le patron leur avait offert
le champagne. Il ne savait pas si c’était par sympathie
ou par peur. Excellent.
"
L'aventure Punk d'un jeune homme chic
La subversion en dix leçons
En édition de luxe
Nous sommes devenus des putains. "
Métal
Urbain, 1982
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