"Elisa, Elisa
Elisa les autr's on s'en fout,
Elisa, Elisa
Elisa rien que toi, moi, nous
Tes vingt ans, mes quarante
Si tu crois que cela
Me tourmente
Ah non vraiment Lisa"


Un après-midi à la campagne,
Avec Élisa et Lisa,
Avec des papas, des mamans et des Stéphane.


Il fait beau ce samedi, j'ai récuré l'appartement de la douche à la cuvette des chiottes.
Aspirateur, chiffons, cire d'abeille, eau de javel, tout brille, sent bon, resplendit. Le soleil s'écrase et rebondit en éclats sur mon carrelage sable. Des rayons de lumière se meurent sur mon écran 16/9e, je ne vois plus rien du film absurde qui navigue à l'intérieur pendant que j'astique mon "fée du logis". Un courant d'air, chaud et propre, évacue les effluves de cigarettes et autres tabacs marocains ou afghans. L'air est aussi propre que mon évier, que mon entrée, que la poignée de mon frigidaire "Pontiac".
J'aime le propre. Je suis un maniaque en fait.

Je dois recevoir la visite de SL et de sa femme, ML, et de leur fille, Élisa. Mais aussi de MF, sa femme, j'ignore son prénom, pour aller à la brocante du village. La brocante du week-end de Pentecôte. Comme tous les ans, en même temps que la fête du village et ses manèges archaïques. "Attrapez le pompon" pour un tour gratuit. C'est triste. C'est déprimant, tous ces mômes amorphes tournant en rond dans des fusées délavées, décolorées et atterrées.
Les mamans, en général, ne sont pas jolies. Pas de quoi se rincer l'œil, s'ouvrir des perspectives fantasmagoriques. Nulles aphrodites, nulles vicieuses à la chair tendre, au vice caché, à l'adultère facile, à l'amant attendu. Des grosses constamment engrossées par des maris aux ventres kro. Des moustachus, comme si cela existait encore, des moustachus, dis-je, hilares et gras, rougeauds et lourds, s'époumonent de leurs exploits de barbecues réussis. "Et si l'OM revenait en force l'année prochaine, tu verrais la gueule des Parisiens, heu, heu, heu..." dégueulent des bouches des immondes poilus des tranchées de la vie misérable. Ils ne mourront pas comme des cons à Verdun ceux-là, ils nous feront chier jusqu'à 90 ans. Saloperie d'espérance de vie !

Mais, nous sommes samedi, et la brocante, c'est demain. J'essaie de prévenir Stéphane, mais ils sont déjà en partance. Voire même en arrivance. D'ailleurs Marco et sa compagne et leur petit bébé, Lisa, ne devraient pas tarder selon Stéphane. Pour l'instant, je n'ai vu personne. Je finis mon ménage, tranquille.
Je suis en train de taper un mail lorsque Stéphane, Babou, et la petite Élisa débarquent. Il y a aussi Stéphane, le parrain de la petite.
Marco et sa petite famille sont aussi à Touquin, près de la rivière, ils donnent le biberon à leur bambin. Sébastien, un vieux pote de la bande est de la partie aussi.
Il y a du monde, 2 "Stéphane", 1"Marilyne", 1 "Marco", 1"femme ?",1 "Élisa", 1"Lisa", 1"Sébastien" et moi.
La femme me dit que nous nous sommes rencontrés au mariage de Stéphane et Marilyne, mais je n'ai aucun souvenir. Pourtant c'est une jolie femme, rousse, pulpeuse, douce.
Élisa a trois mois, Lisa en a la moitié. La fille de Stéphane est très belle, Lisa aussi, mais comme le fait remarquer le père, elle a hérité de ses oreilles de tête de chou. Mais elle a les beaux yeux amandes verts-gris de sa mère. Mais elle a en effet les oreilles "xxl" de son papa. Son papa était un bel adolescent.
Elle ne bronche pas, elle somnole, amorphe aussi. Tandis que la petite Élisa rit à tout va. Les maris en profitent pour rouler, respirer et ricaner entre mecs. Ils vieillissent les papas, alors que les femmes resplendissent de maternité et mamellité. Doux, beaux, fermes seins de la maman heureuse auxquels répondent les bides bedonnants et mous des papas enbièrés. Les papas décadents. Les mamans dévastatrices, ça flingue de sensualités câlines.
On charriolle avec les bébés et les potes dans notre village d'enfance (à Stéphane et à moi), il revient sur les pas de sa maison de gosse. Rien n'a changé. Pas trop. En tout cas pas les voisins.
La balade achevée, quelques-uns restent, les bébés restent avec les mamans et un papa, Marc se casse avec Seb.
On change les petites pisseuses, les mamans pouponnent, les mecs matent un film de kung-fu. Chouette.

Ma mère pointe sa choucroute, Stéphane voulait lui présenter sa fille avant de reprendre la route. "Bébé est fatigué, toute cette route !"
Effervescence dans le salon, puis, tout le monde disparaît dans leurs voitures. Je suis seul avec une odeur de lait de bambin, de pisse émanant des sacs plastique qui me servent de poubelle. Des mégots s'entassent dans ma tasse devenue pour un instant un cendrier convenable.

Je descends tous les cadavres à la poubelle en bas, à l'extérieur. La vie reprend son cours, je bouquine un ouvrage sur l'absinthe. Et écoutant une sélection de rock-métal. Le soleil n'a pas quitté mon carrelage. Un vent léger m'accompagne. Je suis engoncé dans mon moelleux fauteuil.
L'odeur de bébé s'envole par la fenêtre, en direction de la fête foraine. J'entends les bruitages des tours d'auto-tamponneuses. "Trililili".