Rien qui ne sort de la normalité, de l’apparente ressemblance de mes jours, le temps n’est qu’une ligne, ligne blanche que l’on sniffe pour certains, ligne blanche que l’on suit, sur laquelle on marche en équilibre, une ligne discontinue en un point unique, électron seul tournant sur lui-même, en lui-même, tout seul.

Des gens différents à joindre, à voir, à appeler, vieux T29s, essayer de contacter tout le monde, Sébastien qui reçoit des amis à l’appartement, Pascal qui pétasse à Technikart sans oublier Régis et Willy qui zincent à Oberkampf.
Et moi, sur le boulevard Magenta, je pense à Bénédicte, que je dois appeler, que j’ai envie d’appeler et je ne le fais pas. C’est con un con, non ?

Il me faut des filles pour la revue, toutes les donzelles qui lisent le sommaire me le disent : " ça manque de femmes… ". Les prostates s’imposent face aux utérus.
Je me fous de l’anatomie d’une plume, je veux des choses drôles, bien pensées, pas trop mal écrites. Que la plume possède de grosses pêches peut être un joli bonus, mais jamais une motivation en soi.
FV m'a forwardé deux jeunes filles, Séverine Capeille et sa " rage du ragga ", et Marie-Hélène Vial, une bien jolie coquine, je le pressens. Il y a sa photo sur le site de FV, l’équipe du navire de Frédéric. J’y suis aussi dans cette galerie dont j’ignore tout : j’avais maté les meufs : la seule de mignonne : miss Vial. Je me souviens d’une paire de jambes, la même du site sur les gambettes, je crois.

Je passe à l’appartement pour quelques instants ai-je dit à Pascal au téléphone, lui est dans un café à Bastille. Je dois déposer des revues appartenant à Sébastien. Et puis, je suis curieux de voir ses amis, y aura forcément des filles. C’est Sébastien.
Régis et Willy dînent du côté de Voltaire, ils me rappellent après. Cool, chacun est prévenu, tout se déroule sans accros.

Je tapote sur la porte, je pousse. Premiers regards : deux jolis visages vers moi. Je le savais avec Seb, ça dégote de la miche. Trois girls assises sur le canapé qui nous sert de lit, au milieu un gringalet à la mèche branchée. Deux brunes, une aux yeux bleus, une autre à l’air plus sévère et à l’accent allemand ?
L’autre, c’est bien ça l’autre, celle qui n’est pas comme les autres, l’autre est une jolie fille au visage délicat et à l’accent hispanique. Elle me plaît, me je ne comprends rien lorsqu’elle me donne son prénom. " Iwowawa ".
Debout devant ce trio plus le petit minet, Charlotte pétille en jupe courte, parle, parle, parle, parle, parle Charlotte : Charlotte, c’est un peu, en quelque sorte, la " Forrest Gump " de la parlote. Elle ferait le tour du monde en parlant, tout en mangeant des crevettes ! Ou des chocolats ! Hein Charlotte ?

Un grand blond-roux s’impose au milieu de ce néant en concentré : François. Il m’apparaît immédiatement sympathique. Il y a d’autres types, mais bof, je les ai oubliés.
Dans l’autre pièce, dissimulée derrière un mur de moitié, mes amis, ceux de mon " clan " régional : Rodolphe, Fabien et Andrew. Ils sont assis et discutent entre eux. Encore de l’apartheid !
Mais bon les lieux sont exigus, nous serons bien obligés de parler tous ensemble.

Je papote avec François, architecture comme Sébastien, aime la littérature, Houellebecq, a lu " Libre " de Denan, s’enthousiasme pour mon projet de revue, patati et patata, c’est un type bon souriant.
Sur le canapé, la masse assise assiste au spectacle de " Forrest Charlotte ". Je n’ai qu’UNE idée en tête, parler avec la jolie " Iwowawa ". Savoir son vrai prénom, ce qu’elle fait, d’où elle vient, si elle veut être celle que je recherche depuis CE jour. C’était quand déjà ? Le jour où j’ai décidé que c’était l’absolu ou nada ? Toujours.

Je me rapproche du show, Sébastien sourit, tout se passe bien. Il y a de l’effervescence, de la bonne humeur. Fabien, gominé à souhait, exhibe ses muscles, Rodolphe triomphe de magnificence, et Andrew trône sur ZigZag. Les mecs dans une pièce, les girls dans l’autre. Et tout ça dans 30 m2.
Des nouveaux arrivent, un petit minet bien coiffé et une bombe du cul, je veux dire une fille sculpturale avec un cul de bombasse inter-Brésil. Pour Sébastien, je censurais le reste de mes impressions…

Pascal me rappelle et me demande ce que je fais, je n’ai pas envie de quitter le joli faciès et Seb venait de me dire qu’il pouvait passer se joindre à nous. Banco. Je lui explique le chemin à prendre, c’est simple, “direction République”, “Cirque d’Hiver, en face, rue de Turenne à gauche, n°100”.
Il débarque assez rapidement. Il capte aussi la belle “Iwowawa” ! On s’assied près d’elle, dans le coin où Charlotte continue à parler, à raconter ses mésaventures de poste de Police, de garde à vue, de Tupak, son ami DJ, qui organise une soirée… Tout en se tortillant pour nous montrer sa culotte. Je pense qu’elle serait parfaite pour le dossier sur les Pétasses que prépare Pascal.
J’apprends que la femme de la soirée, et de ma vie en ce moment précis, n’est pas d’origine espagnole mais est israélienne : Elinore, comme Elenore, mais avec un “i”.
Elinore, ce soir, tu es la soirée, tu es la substance unique de ma raison, est-ce un maléfice ou l’effet subtil de ta grâce ?

Clinclin et Willy phonent à leur tour, après le feu vert de Sébastien, je leur dis de nous rejoindre. Ils nous rejoignent. C’est cool. Fusion des amitiés, enfance, lycéenne, universitaire, littéraire, internet…
Régis bouge pas mal, alors que l’ambiance est à la tranquilité : il reste du punk chez Redge !
Il grimpe sur les échafaudages des gars du ravalement ; ce qui inquiète le petit Seb, mais tout se passe bien, Tarzan nous revient bien vivant. Willy tchache avec les copains, il arrive facilement à s’immiscer dans les discussions. La sauce est bien montée. Régis scotche aussi sur la barre de traction de Seb, il imagine les belles qu’il pourrait y attacher… Le coquinou.

La discussion avec une Israélienne dérive forcément sur Israël : Régis l’attaque un peu, son visage se renfrogne, je ne dis pas grand-chose, même en parlant peu, je lance, pourtant je me retenais, “il y a une gauche en Israël ?”, dans un ton faussement naïf… Elle, dans la conversation, “il faut être Israélien pour parler et comprendre d’Israël”…
Ce soir-là, je me suis couché, je me suis écrasé, je me suis larvé face à cette fille qui me séduisait tant : j’aurais massacré des enfants de Gaza en chantant du Carlos pour elle, tirlipinpon, j’égorge les parasites de Palestine dans leurs berceaux… J’aurais été pro-sioniste ! J’aurais vendu mes parents, mes idéaux (j’en ai si peu), tout pour son sourire.
Israël est trop fort, ses femmes trop belles, n’est-ce pas Pierre ?