SOUTENANCE DE THÈSE
19 décembre, 10h Pascal Jouquet

De la structure biogénique au phénotype étendu. Les termites champignonnistes comme ingénieurs de l'écosystème.

ENS, 45 rue d'Ulm, Salle Dussane.

Mon cher Pascal soutient sa thèse, et je ne suis pas là. Pascal devient docteur, et je suis absent.
Pascal jubile, tournoie, s’anoblit, et je m’en veux.
Je loupe un événement Unique. Pourquoi ?
Pour un taf, et des tafs, on en aura des dizaines. C’est pas ça qui manque.

Je suis assis comme un con devant mon écran, rongé par la colère et la honte. Avec panache, j’aurais pris la porte, claquée, et j’aurais assisté à ce moment qui ne se répètera pas. Je ne serais jamais revenu. Je serais allé travailler ailleurs, ailleurs est tellement grand. Et ma panoplie (littéraire) étant telle que cela ne me poserait aucun problème. À cœur vaillant…

Mais couard, encore une fois, je me terre dans mon " confort ", dans la facilité de japper court.
Je trépigne de rage, envers moi. Si j’étais aussi seul dans ma vie sociale que dans ma vie intime, ce serait si simple. Partir, courir, hurler, ne plus ramper. Ne plus sourire. Seulement au soleil, aux jeunes filles, aux amis. Les autres ne seraient plus rien. Des scories, des poussières, des abats, abandonnés, oubliés.
Lâche, je reste dans le caniveau. Je souris trop. Mes sourires ne valent plus rien. C’est à Pascal, mon ami, que j’aurais dû sourire à 10 h ce matin. Le reste du monde devait disparaître face à cet événement. S’éclipser face à ma volonté. Seule devrait dicter mes actes.
Servile, je reste. Pour une pitance insultante. Inhumaine, odieuse, je me fourvoie.

Sébastien m’apprend le succès du Jouq’. J’en suis ravi, mais comment être heureux en milieu qui se fout bien de telles victoires. Une thèse de biologie ! Un ami d’un sous-fifre ! Cela n’intéresse personne. Et je suis dans ce néant, si bien organisé.
Comme tant, je le sais. Rien d’unique dans ma désespérance. Dans ce monde où les émotions sont si bien paramétrées. On apprend une bonne nouvelle, on a le " droit " de se réjouir, mais dans un état précis, pas trop d’excès, crier, oui, mais un temps imparti, dans des proportions admises. Rien d’ouvert dans ces espaces.
Ce monde est le monde où l’on vit. Un monde où mon cher Pascal est devenu à 11h docteur en biologie.
Un " DDLC " mon cher compagnon ?