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Je suis
un acédique, un triste, un accablé, un désespéré,
un cyclothymique, un paresseux, un dépressif, un fainéant,
un jemenfoutiste, un affligé...
Acédique ! Acédie, je suis un péché capital,
démoniaque et antichristique.
Je n'aspire à rien, rien ne me motive, ni ma misère sexuelle,
ni mon apathie quotidien ne sont pour moi une raison de révolte,
d'insurrection égotique. L'ambition n'est pas ma vocation. L'épanouissement
dans un travail n'est qu'une atterrante aberration. Rien n'y fait, je
n'arrive pas à entrer en jeu. Pourtant.
Pourtant, je navigue aussi dans les bars péquenauds, dans les
échoppes achalandées, dans les endroits à la mode
et près de la machine à café. Mais rien. Rien d'autres
que des cloportes. Je ne vois rien de beau, de juste et de bon. Des
morales à deux sous, des pensées percées, des volontés
impuissantes. Mais si certaines.
Je ne suis pas beau, mais cela ne fait pas les autres des bellâtres.
Nullement. Les autres sont plus souvent des laids, en énorme
quantité. Je ne connais que très peu de personnes que
je trouve esthétiquement regardables. Citons de lancer, Olivia,
je cherche, oui Olivia, mais aussi des apparitions ici et là,
Héloïse chez RC, Fanny chez FB, Audrey aux Sources, Delphine,
la sylphide de dimanche soir, je cherche, Olivia, je l'ai déjà
dit, oui, Fanny, c'est fait, et vite fait d'ailleurs, pas de nouvelles,
bonnes nouvelles ?, alors, il y en a bien d'autres ?, certainement qu'il
y en a plusieurs, des jolies rencontrées, croisées, aperçues
au coin d'une rue, d'un comptoir, d'un regard.
Pour les mecs, je connais des types pas mal, mais rien qui peut être
assimilé à la beauté plénière d'Olivia.
Désolé les amis. Il faut être réaliste, malheureusement,
fatalement.
Je balade ma mélancolie, mon errance sans grande espérance.
Requiem pour un lambin. Je marche seul, pour aller au boulot et en le
quittant. Jamais rien qui ne me retient, rien qui me transcende l'âme.
Et cette idiote d'âme ! Qui croît encore à l'amour
idéal, à l'amour d'un hasard... Imbécile, tendre
benêt.
Marche diurne, nocturne, inutile et vaine. Marche funèbre, maladive
et patiente. Je cherche un regard.
Alors où sont les filles qui peuplaient des rêves écrits
? Qu'as-tu fait pour tout gâcher ? Que de maladresses conscientes,
calculées, anticipées !
La vie, c'est le mal. Les autres, des minables autistes. Oui, c'est
ça. Sûrement. Ce ne peut être autre chose. Cette
salope de vie, ces enfoirés d'autres, avec leurs faciès
simiesques, leurs ambitions animales, rien à foutre de ces immondices
!
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