Je
viens de me coucher après avoir maté du catch " WWE
", désormais, sur RTL9. Il
est 00h40, vendredi 20 septembre. Demain matin, tout à lheure,
je dois me lever tôt, à 6h45, prendre le bus à 8h25,
le RER à 9h06, et être à Paris ensuite. Je dois
voir Valérie à 11h, chez elle. Je dois lire. Lire un an
et demi damitié. Un long labeur, sueur, torpeur, bonheur.
Nous
sommes le 20 septembre, nous sommes le 20 septembre. Je pense à
Sophie, mon amie, quand même, tout de même, même.
À sa tristesse du moment, à son papa. Je me relève
et pianote dans le noir de la cuisine, où mon portable se recharge,
un message : " BON ANNIVERSAIRE SOPHIE ". Elle a 27 ans. Matin,
télé. Télématin. Je prends mes tickets restaurants,
ma carte bleue, ma carte orange, " Maniac " à lire
et un mon vieux carnet noir, pour les notes. Où est-il ? Je
louvre. Pour voir. Comme ça. " Aguera Éloïse
" écrit de sa main, au bic bleu. Premier mot que je lis.
Javais oublié ce trait. Javais oublié, un
jour, avoir connu son nom. Je le cherchais dans mon crâne, aucun
souvenir. Alors quil était là dans mon carnet CANSON. La
journée commence bien. Je pense à elle. À sa grande
bouche. Au miel de ses yeux. Au fiel de mes rêves. Bus
avec une jeune maman de Touquin. Nous parlons des enfants, de ses petits
choux ; de Disney et de lémerveillement et le calme des
gosses, alors quils poireautent deux heures pour un tour à
trois minutes. Magie. Une soupe en trois minute ? Halles,
FNAC, je suis venu chercher le dernier, le nouveau Luis de Miranda.
Denoël, je crois. Rien. À Vide. Que dalle. "
Mais cest complètement idiot Le
petit livre orange de Soral est bien exhibé, à côté,
" La bible dévoilée " dIsraël Finkelstein.
Très très drôle. 10h30,
je suis à deux pas de lappartement de Valérie. Je
suis assis, le cul dur sur une barrière. En face, un café.
Mais je naime pas le café. Que prendre dautre à
10h30 ? 11h.
Jai bien gravi les marches, et auparavant, bien tapé la
cloche. Et oui, japprends vite. Jy
déjeune dailleurs. Salade auvergnate et Carlsberg. La première.
Je demande au serveur si la salade est une entrée ou un plat
? Un plat. Encastré
dans un coin, derrière la tour des pâtisseries, je suis
bien peinard. Pour lire. Et écouter. Près de moi, une
vieille carne se plaint, geint, répand sa vieillesse immonde.
Jai mal là, ici, aussi. Une petite cuillère pour
la patate, un peu de beurre, cest un peu sec. Je
lis. Je mouchette de pattes illisibles. Censure de mes impressions.
Cest un journal intime, oui, mais un peu sur le Net, aussi. Et
jai un lecteur. Au moins. Je te vois Seb, euh Régis, cest
toi Pascal ? 14h30.
Philippe se pointe. Crâne rasé et yeux bleus. Calme et
posé. Serein et précis. Un ami doit le rejoindre. Plus
bavard. Parle comme dans les livres de Derrida. Cest un "
ismophile ". Il faut bien se concentrer sur sa bouche, et écouter,
et réfléchir, et comprendre, et dire " moui ".
Lair intelligent. Cest pas évident. Il
y a des idées, des textes, de " ismes " aussi, post
ou ante, peu importe, à ce niveau. De la poésie, également,
cest agréable. Jattends de lire tout ça. Je
vais piquer le dico de philo de mon petit Sébastien. Olivet,
celui-ci. 16h30.
Je reprends ma lecture. Cest le tour de Raymond et Cyril de se
pointer sur les deux chaises qui me font face. Je suis une sorte de
maître qui reçoit ses fidèles en entretien. Un peu
comme le Dalaï Lama. Avec un peu plus dintelligence, que
ce branque à branques. 18h.
Je passe à lagence pour le pot de Matthieu, sosie freelance,
pour reprendre un vocabulaire moixien, de Jessie Garon. 19h.
Je finis ma lecture et cours chez Valérie. Descends du métro,
me fais bousculer, les feuilles abattues au sol. Me goure de station,
marche en haletant. Jarrive. 19h40.
On en parle. Tout le monde en parlera. Je rencontre aussi deux petits
bout de choux : un petit bavard, aux yeux tout grand ouverts, et tout
plein de soleil, et une petite mignonne toute douce, sage. 20h20.
Je rejoins les gus au " Vivarium ". Après que Cyril
mait indiqué la route. Donc, je me perds un peu. Monsieur
avait confondu " Abbesses " et " Anvers ". ça
se ressemble, non ? Drame,
une heure et demie à chercher à la voiture de Cyril. Les
deux brigands nont pas une mémoire bien précise
; ils viennent de boire de labsinthe, mauvaise excuse. On
croque à Mac Do. On parle de meufs. On parle toujours de ce que
lon connaît le moins. Et on en parle mal. On ny connaît
rien. Cyril pense toujours quil est le catalyseur du truc, quil
peut faire souffrir, ne plus avoir envie, en patati et patata. Comme
si cétait lui exclusivement qui fixait létat
de passion. La fille, aussi, elle peut se réveiller avec limpression
que le petit farfadet nest pas si terrible que ça. Énorme
PANIK, du monde et des gens, plein. Des nichons et des culs à
alimenter des rêves pour des nuits blanches. Je découpe
des morceaux à tout va, Hannibal, je coupe en série. "
Oui, très futée, du répondant, du caractère,
seule hier soir. Passée comme ça. Je
discute un peu avec Éric ; je laime bien ce type. Dailleurs
Cyril aussi, qui lapostrophe sur sa moto. Une 125. Ah. Avant
de partir, vers 3h30, je rencontre un ami de Yann, que je vois partout,
qui ne me reconnaît jamais. Je lalpague. -
Bonsoir, je suis un ami de Yann. Bref,
le type est un vieux pote de Yann. Sympa sous ses abords de teckel teigneux.
Il bosse aux Inrocks ; je ne savais pas que Yann avait des potes aux
Inrocks. On
se casse. Régis repart dans la foule suintante. Matthias est
aussi dans la nasse à nichons.
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