"Le journal, c'est la lâcheté
de l'écrivain. C'est le comble de la superstition littéraire,
du calcul sur la postérité."
Drieu, Journal du 11 octobre 1944.
Ecrire un journal, je veux bien,
mais pour écrire quoi ?
J'ai plusieurs romans en route, un travail universitaire sur le feu, des correspondances
par mails, par lettres et le site à construire.
Je regarde dans mes livres, je cherche les "Journaux" que je possède.
Les journaux, il y a les gros, pleins d'introspection et de pensées politiques,
philosophiques, et mystiques. Le Journal d'Amiel, très rigoureux
l'ennuyeux, celui de Gide, presque mieux que les romans, le monumental de Green,
un journal d'une Vie.
Il y a le très beau Journal intime de Larbaud, je revois Florence.
Le Journal littéraire de Léautaud, le Journal de ma
vie extérieure de Barrès. Ça ressemble à des
chroniques, des mémoires, où classer les Mémorables
de Maurice Martin du Gard, et Notre avant-guerre de Brasillach ?
Je tombe sur les Carnets de Montherlant, que dire de ce livre ? Journal
? ou pas ?
Bien sûr, il y a le Journal 39-45 de Drieu, où l'on apprend
beaucoup, si on fait l'effort de le lire objectivement.
Mais la parution du Journal de Morand nous a rappelé que Morand était
du voyage à Weimar en octobre 1941. Et les Carnets 22-49 de Fraigneau
est une catastrophe, rien, RIEN.
"Ce journal n'est que cela
: ce que j'ai vu, entendu ou fait, et non pas ce que j'ai pensé, ce que
j'ai éprouvé, ce que j'ai senti. C'est le journal aide-mémoire,
et non pas le journal confidentiel, sentimental, introspectif et "psychologique""
Jaune bleu blanc, Valérie Larbaud
Il y a bien possibilité
de se glisser entre les deux tendances, "aide-mémoire" et "déversoir
psychologique". Un truc qui permettrait d'écrire sans se faire chier.
Je tente le pari.
Encadré par deux femmes
enceintes, l'une fait des "mots croisés" en espagnol, trois
types parlent dans un dialecte du Burkina (capitale : Ouagadougou), des musiciens
"slaves du sud" jouent "La vie en rose". Et les gens ont
peur dans le RER ! Il suffit d'être polyglotte.
Pour ma part, je bouquine, un truc sur Breton. Je découvre. Je dois voir
Yann cet après-midi, pour lire son manuscrit. Je l'appelle dès
que je suis arrivé.
Je pense à mon projet d'écriture, un truc sur Drieu, Aragon, Malraux
et les années 20. J'ai le plan en tête, mais pas le courage de
m'y mettre sérieusement.
J'imagine un dialogue entre Drieu et Aragon :
1920, victoire des rugbymen du
Racing CF :
Aragon : Le rugby ! C'est un sport
de brutes, d'une violence inutile.
Drieu : Le rugby, c'est Uther Pendragon
! C'est la force primitive. C'est l'âge du guerrier.
Tu vois de la brutalité, là où il faut voir de la virilité.
J'arrive à Châtelet.
J'appelle Yann devant la FNAC. C'est assez calme, pas trop de types assis sur
les marches à attendre je ne sais quoi. Le rencard est pour ailleurs,
direction Europe 1 et la ligne 1. Dans le métro, je vois une scène
entre Drieu et Jacques Rigaut. J'attrape mon bloc note.
La scène se passe chez Drieu,
en 25-26, peu importe. Ils boivent du sky.
Drieu : Je n'ai jamais rien écrit
de sublime, qui dépasse ma vie.
Rigaut : Je vendrais mon âme
au diable, pour une fois, atteindre cette sensation.
Drieu : Puisqu'il n'y a plus de
Dieu, ni de Christ !
Rigaut : Il n'y a plus rien, RIEN.
Drieu : Je vendrais mon âme
au diable, si je garde ma conscience !
Rigaut : Ma conscience est éthylique,
rongée par l'alcool et cette putain de merde.
Drieu : Le Whisky ! Cognac du malheureux,
mauvais snobisme. Quel affreux goût de médicament !
Rigaut avale son verre d'un coup,
se penche en arrière, sa tête vers le plafond.
Drieu le regarde et sourit.
Je descends devant le Grand Palais,
je cherche un plan. J'ai rendez-vous avec Yann, vers 14 h, je suis en avance.
Je remonte l'Avenue Montaigne, que de belles enseignes. Et là, la rue
"Claude François 1er".
Je m'installe tout d'abord en terrasse près d'un con en costard truffé
de thunes et d'UV d'institut.
Je change de place, ce paria m'indispose. J'arrive plus à réfléchir.
Yann arrive, nous discutons rapidement. Il me confie son manuscrit. S'en suivent
2 heures de lecture.
Dans le train qui me ramène,
j'écris un petit texte pour Yann et la rubrique "Loft" du site
:
L'œil du chat,
Je suis sorti de mon loft ; j'ai passé ces derniers jours dans une lecture
intensive, des prises de notes, les idées rebondissent dans mon ciboulot
tel un inspecteur Gadget en folie.
J'ai rencontré à Paris, dans un café près de Europe
1, Yann Moix. Yann est un écrivain ; Yann définit l'écrivain
comme un type qui porte de bonnes lunettes, qui observe.
L'écrivain, c'est l'œil du chat, celui qui va partout. D'ailleurs,
nombreux sont les écrivains qui ont un chat.
Yann est d'une intelligence rare, d'une sensibilité écorchée,
c'est un "douteux". Je ne lui dis pas, mais je pense à Aragon,
à Drieu, aux écrivains des années 20 quand je le regarde
assis en face de moi. Peut-être est-ce dû à mes lectures
dernières ?
Yann est un poète, "la poésie est avant tout la peinture,
la chorégraphie, la musique, et la calligraphie de l'âme"
selon les maîtres des Haïku.
Le triptyque amoureux de Yann est beau, dansant, musical et coloré. Yann
a l'œil du chat, sa poésie devient visible aux yeux du monde.
Mais, j'ai rencontré une
copine, Marjorie. Elle me raconte qu'elle bosse à "ELLE", en
stage, vu qu'elle est étudiante au CELSA. Elle m'apprend que Chirac aurait
un fils caché, un petit Japonais, Konnichi wa !
Elle me dit que Yann est peu apprécié à "ELLE",
où il n'y a que des femmes enceintes, dis donc, ça n'arrête
pas ! Elles doivent le voir sous son côté "timide", enfin,
chez ces misandres, le talent est forcément un défaut.
J'ai pensé à un truc
entre Aragon et Drieu lors de la victoire de Pantin en 1921 :
Drieu : Ca doit faire plaisir à Breton ! Lui qui a grandi dans les potagers
de Pantin
J'écris cette phrase dans
le bus qui me ramène de la gare de Marles-en-Brie à Touquin.
Le chauffeur n'a pas fini sa journée,
il finit à minuit. Il a encore un trajet à Melun vers 22h30.
Il est bien sympa ce chauffeur, un vieux type, aux cheveux grisonnant, une voix
grave mais sympathique.
Je rentre, vérifie mes mails, me goinfre de Nutella. J'envoie un mail
"explicatif", comment construire un site tout seul à un ami,
Daniel. J'envoie un mail à Frédéric :
A un "dé" près
:
"Quand il sentait son amour renaître, il se hâtait naïvement
de l'épuiser"
Mémoires d'un jeune homme rangé, Paul Bernard alias Tristan.
Il y avait les Destinées sentimentales
sur C+ hier soir. Un film d'Olivier Assayas, le type qui avait réalisé
le clip de Silmarils "Cours vite". Un clip d'enfer, d'evil dirait
Austin, je suis gonflant avec ce gimmick.
Dans "le clip de la mort", il y avait Zabou, Julia Chanel et Draghixa.
Que sont-elles devenues ? Chanel est sur le journal du hard. C'est vrai qu'elle
sortait avec Devoise ?
Je suis à la masse, c'est Olivier DAHAN le réalisateur de ce clip
!
"Hie Côme, si tu lis ces pages".
C'est drôle, un film basé sur un
livre de Chardonne, ce vigneron charentais. Un romancier ennuyeux, régionaliste.
Ce styliste des âges perdus a pondu un récit apologétique
du national-socialiste, "Le ciel de Nielflheim" (43).
Il finit sur la "black liste" de 44, avec Giono, Guitry, Montherlant,
Morand…
Mais il est mort en 1968, après un non-lieu en 62. 68, Morand devient
académicien, le "grand Charles" a cédé, première
brèche du chêne, que l'on va abattre.
Chardonne (Bonheur de Barbézieux), Jouhandeau (Chaminadour),
Fraigneau (Les Eblouissements de Guillaume Francoeur), Abel Bonnard (Les
Modérés), Brasillach (Le marchand d'oiseaux),
Ramon Fernandez (pas lu) et Drieu (Histoires déplaisantes) sont
à Weimar en novembre 1941.
Ils visitent la maison de Goethe, côtoient Hamsun, le vieux Norvégien.
Que faisaient-ils là ?
Brasillach voulait découvrir le pays de Mozart et Schubert, Jouhandeau
était amoureux, Fraigneau suivait Jouhandeau. Ah, ces deux-là
!
Chardonne fuyait Camille, Drieu voulait expliquer à Hitler sa conception
du fédéralisme.
"Ne t'en vas pas chez l'ennemi, et t'en vas pas, c'est félonie"
Aragon, revenant de Moscou.
Il faut que j'écrive un texte sur les
deux "Ernest", c'était le titre d'un mail envoyé à
FB :
"J'avais jamais remarqué que Debord
(Guy Ernest) et Guevara (Ernesto) avaient le même prénom.
De plus, Debord publie La société du spectacle en 1967,
l'année où est fusillé le "Che".
Des similitudes de ces deux révolutionnaires qui ont un peu trahi la
cause de la Révolution.
La société du spectacle créée par Debord triomphe
le jour de sa mort ; il envoie, en effet, une lettre d'information à
une "journaliste" de Canal plus.
De plus, le situationnisme est assassiné par ses nouveaux thuriféraires,
Sollers (lu son texte paru dans le "Magazine littéraire HS"
de 1996) qui ne voit qu'une critique de l'image, du medium de l'image ; et est
abattu par le duo affreux de Libé, Viviant et Torjdman (en 1994).
La révolution est détournée vers une critique dialecticienne
de l'image, du spectacle, de la télé, de la pub. On effleure le
mal. On le cultive.
Déjà Debord chez Gallimard, c'était une petite mort.
Je ne crois pas trop à la Révolution, en ce temps où le
Trotskisme revient à la mode. On nous présente un Trotski moins
"méchant" qu'un Staline, ce fut une question d'influence entre
eux, et non de dogmes ou d'idéologie.
Je pense que pour remettre en question, pour s'opposer, pour critiquer, il faut
un bagage intellectuel, ce bagage ne peut être obtenu qu'en faisant partie
d'un certain niveau social, en général, de la Bourgeoisie.
Les révolutionnaires seront toujours des bourgeois aigris. La révolution
est un truc de bourgeois, comme la pratique du badminton ou du squash. Mais,
tout de même plus drôle que de se pencher sur un cahier des charges
d'une entreprise familiale."
Il faut que je poursuive sur ces similitudes
amusantes.
La révolution, voilà une sage occupation !
J'ai vu un passage du film de Kassowitz, Assassin(s).
Serrault est impressionnant, moins que dans Petiot, mais vraiment flippant.
"L'acte surréaliste le plus simple
consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer
au hasard, tant qu'on peut, dans la foule. Qui n'a pas eu, au moins une fois,
envie d'en finir de la sorte avec le petit système d'avilissement et
de crétinisation en vigueur a sa place toute marquée dans cette
foule, ventre à hauteur du canon"
Breton, Second Manifeste du surréalisme.
Faut que j'arrête avec ces types, les
"7 salopards" ! Ou 12, je ne sais plus, qui sont 7, les mercenaires
? Les samouraï ? Les Samouraï sont 7, d'après Kurosawa.
Je me souviens d'un mail de Yann, je recherche sur ma liste, je garde tout.
Enfin, je trie.
"Arrête avec Brasillach, Drieu et
tous ces mecs. D'abord, ils sont assez médiocres comme écrivains
; en plus, ils ne fascinent que les ados. C'est une régression anale,
ces types-là. Ils n'étaient pas très courageux, pas très
intelligents, pas très spirituels. Et très mesquins. Ce que je
ne pardonne pas à Brasillach, c'est sa mesquinerie. Etre antisémite
par mesquinerie, c'est encore pire qu'être antisémite tout court.
Quant à l'impuissance littéraire et sexuelle de Drieu, elle ne
concerne que les impuissants sexuels et littéraires. La vie est ailleurs
; la littérature aussi. Forcément."
15 janvier, 23h37.
J'ai répondu à beaucoup de messages,
je reçois des explications, des réponses, des pistes de réflexion.
Daniel m'envoie un fichier joint avec des phrases de "Tout ça pour
ça " en exergue, avec ses critiques. Cela me fait énormément
plaisir, ses remarques m'aident beaucoup. Le premier jet est souvent l'essentiel,
mais doit être travaillé.
Il m'informe qu'il a acheté "La société du spectacle",
peut-être un peu "jauni" depuis le temps.
Mais ça reste un livre à lire.
Je reçois un mail enjoué et speedé
de Valérie. Entre deux avions, un changement de fringues, des affaires
à régler. Elle me dit qu'elle a beaucoup aimé le passage
de l'orage, dans l'un de mes nombreux mails.
"…Ce sont les pensées nées
de la lecture d'Aragon. Des pensées troubles, électriques et fatigantes.
Un peu comme ce merveilleux orage de la nuit passée. Le plus impressionnant
de ma vie, et de celle de ma grand-mère selon ses dires.
Un orage triomphant, d'une nuit entière, avec quelques répits.
Je regardais le ciel de ma terrasse, l'air était jaune comme sur les
vieilles photos, ou sur certains plans de films de Jeunet. Le ciel est gris,
le ciel est bleu (copyright de Eric Charden), sombre et lourd, rempli d'éclairs.
Soyez attaquants, toujours attaquants...
Etonnez comme l'éclair et frappez comme la foudre.
Carnot
Des bruits énormes, la foudre sur ma
tête, tout près. L'orage s'abat sur Provins, le vieux donjon doit
trembler. Des éclairs en veux-tu en voilà, partout, des hypnotiques.
Un spectacle incroyable, rien à voir avec le bal des pompiers et de leur
pétaradeux feux d'artifices.
Il se met à pleuvoir très fort, je me pose au bord de la porte-fenêtre.
Je mire le ciel. J'admire les nuances chromatiques, suis-je à la Sixtine
?
Où je suis, la question rebondit comme Gadget dans mon ciboulot de païen
adorateur du dieu Thor.
La pluie efface la couleur jaune de l'air, elle disparaît dans les caniveaux,
la peinture à l'air coule dans la rue. Je la regarde partir, de la fenêtre
de ma chambre. Le ciel est bleu turquoise. La pluie est sévère,
elle rentre chez moi. Je m'en fous, qu'elle vienne, je suis seul avec mes doutes.
Le courant valse, six, dix fois les horloges s'éteignent et s'allument.
Je perds l'heure, elles ne sont plus d'accord entre elles. Je m'en fous, je
suis seul, quelle que soit l'heure.
L'orage revient, la nuit est tombée,
plus de jaune, plus de bleu, que du noir, du dark, du black. Mais jamais gloomy.
Pas de télé, pas de musique que
les coups de tonnerre.
Je suis seul, m'allonge sur mon canapé
blanc, dans un drap blanc. J'écoute. J'attends le cri du fer sur l'enclume.
Le bruit des étincelles du forgeron. En face, de chez moi, une ancienne
forge, celle de mon arrière grand-père. Je suis fils du tonnerre.
Sans aucun doute."
6 juillet, 12h07.
Je reçois un mail d'une gonzesse qui
me traite d'antisémite.
Pourquoi cette insulte imprescriptible ?
J'ai fait des liens entre mon site et un site sur Drieu et le site de l'ARB.
Je suis membre de ces deux assos d'amis d'écrivains.
C'est chiant, de se faire galvauder d'antisémite !
J'ai rien contre les fils de Sem, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans.
Rien à foutre.
Je cultive depuis mes "années collège" une triple aversion,
les trois "anti", anticommunisme, antinational-socialisme et antisionisme.
J'ai rien, de particulier, contre la religion judaïque. Est-ce de ma faute
si en Israël, la communauté, l'état et la religion sont mêlés
?
Israël est basé sur la religion, et celle-ci dépend de l'appartenance
"raciale", j'ose le mot !
Israël est le seul pays "démocratique" fondé sur
une doctrine raciste : "être juif".
Les jeux sont biaisés par l'holocauste.
On focalise excessivement sur le judéocentrisme, au mépris des
milliers de goyims morts dans les camps.
Imprescriptible et sélective, quelle leçon de l'Histoire !!!!!!!!!!
Ouais, les camps de la mort, c'est une monstruosité.
Mais sans remonter aux massacres de la saint-Glinglin et de Barthélemy,
cette cruauté humaine n'a rien "d'unique".
Regardez le monde, mettez des lunettes !
Je n'amalgame pas les systèmes, Israël
n'est pas Hitler.
Mais Israël est bien loin de nos "droits de l'Homme". Il bafoue
impunément des résolutions de l'ONU ; depuis 1972 (j'étais
pas né !), il doit quitter les terres occupées. "Terres occupées",
que faisons-nous ?
A rechercher des monstres dans le passé, on oublie ceux du présent.
"FIGHT THE REAL ENNEMY" Sinnead O'Connor, SNL, octobre 1992
Je reçois un mail de Michelle Levy, amie
de Michel Houellebecq, elle a son prochain livre, Plateforme. Elle est contente,
mais elle est un peu moins en voyant mon image d'accueil pour ce journal.
En effet, c'est inscrit : "stephanehouellebecq", c'est FV qui m'a
filé l'image.
C'est vrai, Houellebecq, il est marrant, tout petit, chétif, avec sa
petite voix et ses cigarettes.
Mais comme écrivain, je préfère de loin Nico Rey, et c'est
dire. Et côté penseur, Toni Negri est une bête.
Alors, ça me fait plus chier moi de voir mon prénom, sur mon site,
associé à un phasme littéraire de la branchitude-platitude
des espaces verts de la pensée parisienne.
Mais j'aime bien tout de même Houellebecq, Rester vivant, c'est
très bon.
Quand je pense que l'association des amis de
Stefan Zweig compte 10 adhérents, je suis circonspect face à d'autres
associations, Zola, 750, Brassens, 1000 et Hergé 800.
Laurent m'appelle, il part demain en Bretagne.
Cela faisait longtemps que je ne l'avais vu, enfin entendu.
Il a reçu les bulletins de l'AAMH, l'asso de Michelle Levy. Laurent,
tout comme moi, sommes assez déçus du projet. Il pensait obtenir
des articles anciens de Houellebecq, des trucs rares, d'archiviste, des thématiques,
genre "Houellebecq et le cinéma", "Houellebecq au Inrock",
des dossiers sympas.
Non, que des lettres de lecteurs.
Ah, si ! Dans le dernier numéro, une info, les cotisations passent de
100F à 150F !
Pour 100 balles par an, je reçois 12 numéros des bulletins de
Drieu, avec des textes non édités, que le type va chercher dans
des bibliothèques, des mémoires (celle d'un jeune allemand), des
critiques introuvables… Un travail de titan.
Chez Brasillach, on a un magnifique livre chaque année, en plus des bulletins
(2 à 3/an). Et des stylos magnifiques. Dans le cahier, des études
contemporaines, de profs de fac (Lanavère Paris IV, Tame, Université
de Belfast…), de vieux textes oubliés.
Avec Laurent, on décide que l'on nous ni reprendra plus.
Bravo donc au travail de Daniel Leskens pour l'association de Drieu (en Belgique)
et à Philippe Junod, Pierre Maugué ou Arnaud Challe pour Brasillach
( en Suisse).
Carton rouge à Michelle Levy pour son manque de travail.
Dimanche 15 juillet :
Hier soir je zappais, vers 22h20, je tombe sur
un passage de la bande-annonce du doc sur Napoléon.
La tête de Jean Tulard, avec ces oreilles à la "Louis Leprince-Ringuet",
cite la formule de Carnot, celle que j'écrivais dans le mail de Valérie.
J'adore ces genres de coïncidences.
Jean Tulard est professeur à Paris IV, spécialiste de cinéma
également, c'est le record d'audience en Amphi. En général,
le vendredi vers 16h, amphi Descartes.
FV a fait un lien de mon site avec l'adresse
"stephanehouellebecq". Ça me plaît pas trop, mais je
trouve ça assez marrant. Alors.
J'aime beaucoup FV, il m'a énormément aidé, conseils, bandes,
suggestions.
Avant de zapper sur la tête de chou de
l'institut Napoléon, j'ai maté le catch. J'adore ce spectacle,
"The Wrestling".
Je me souviens, quand petit, mes parents, pensant me faire plaisir, m'emmenaient
au cirque. Des cirques minables, crades et si tristes. Il y avait des chèvres,
des lamas, des poneys qui broutaient dans un pré devant chez moi. A l'époque,
mes parents mariés, j'habitais 7 rue de la Fosse-aux-saints.
Les gens du cirque installaient leur ménagerie devant chez nous. Je crois
que ça vient de là, mon dégoût pour les bestiaux.
Des chèvres maigres, des poneys crasseux et des lamas, c'est très
moche.
Ceux qui cherchaient des lions, des girafes et des éléphants,
vous vous trompez énormément.
Le cirque était installé au cœur du village, sur la place
de la Mairie, une belle place pavée qui est devenu un rectangle de goudron
pour le plaisir des automobilistes et de la compagnie "Darche-Gros",
les bus qui siègent place de la Mairie.
Au cirque, assis sur des bancs mités et miteux, on assistait sans y croire
aux tours de mauvais clowns. Il faisait froid sous le chapiteau. Quelle tristesse,
ce cirque !
Sous les plus grandes arènes des States
:
L'ambiance des arènes américaines
contenant 80 000 wasp de la middle class sont d'une tout autre chaleur. "It's
hot" pour vous. Ça crie, hurle, harangue, conchie dans les gradins.
Mes premiers souvenirs, en 84 avec Canal :
Hulk Hogan qui déchire son t-shirt jaune, les envolées de la troisième
corde de Macho Man, les transes guerrières de The Ultimate Warrior, Le
Camel Clutch du sergeant Slaughter, et le Sharpshooter de Bret Hitman Hart.
Et puis tant d'autres, L'Undertaker, Mister
Perfect, British Bulldog, le Géant André, The Warlord…
Cétait la WWF, la World Wrestling Federation.
Un show à péter un câble, des entrées hardcore, un
retour à l'enfance, aux westerns, aux bons, aux méchants, aux
brutes.
Les matchs étaient connus d'avance, on savait ce qu'il allait se passer.
Ça ne changeait pas comme dans les films ricains des années 80,
avec la scène de cul à la moitié du film avec une furtive
vision sur les seins et le bas du dos, pour se branler, il fallait être
rapide, avoir anticipé.
Les combats opposaient un" gentil" à un "méchants",
le gentil domine au début, le méchant reprend le dessus, souvent
en trichant, puis le gentil dans un sursaut d'énergie lui fait sa prise
finale sous les clameurs en délire.
En général, les méchants trichent, utilise des objets,
tous plus grotesques les uns des autres, une corbeille, une mallette, la ceinture…
La triche la plus courante est l'appel à des complices, des girls qui
parlent à l'arbitre, des autres catcheurs, car les méchants se
fédèrent, qui interviennent.
Les arbitres de catch ne voient jamais rien, ils regardent toujours du mauvais
côté, n'entendent pas 80 000 Yankees hurler leur indignation. Un
peu comme l'arbitre belge du match Benfica vs Marseille, ou du connard de Seville
82 !!
Le "gentil" est solitaire, le méchant
crée des bandes. Dans les années 84-95, Hulk Hogan (2157 jours
avec le titre de champion du "monde") et sa prise du "Legdrop
off the Ropes", une descente du genoux sur la face, est le Héros
des arènes. C'est un gentil, de ceux qui ne changent pas de camps. Car
les gentils comme les méchant, d'ailleurs, peuvent aller et venir entre
le Bien et le Mal.
Hulk est un mythe, enfin pour cette période.
Au catch, il y a différents styles :
- Les "Untouchable" et "Unbeatable" : Hogan quand il rentrait
en transe, avec sa tête qui disait "oui" ; The Ultimate Warrior
quand il se mettait à trépigner au centre du ring, une sorte de
Chaman ; et The Undertaker, que l'on disait être en relation avec les
morts, il était souvent mis à terre, mais le haut du buste se
relevait indéfiniment.
- Les techniciens : Bret Hart, un dieu des "locks" ; Mister Perfect
roi des souplesses, The Million Dollar Man, qui distribuait des billets, avec
sa prise du sommeil, "Sleeper Hold".
-Les Brutes : Le géant André, The Warlord, et aussi Davyboy Smith,
"The British Bulldog".
Les années ont passés, certains
sont repartis dans d'autres fédérations, d'autres pour blessures.
Des nouveaux héros sont apparus, Lex Luger et son slip étoilé,
Yokozuna un sumo japonais qui a été longtemps un méchant
suprême, cultivant l'antijaponisme primaire des chômeurs de la Rust
Belt.
En 94, le retour de Bob Backlund, qui avait
été champion en 78-83 ! Pour montrer au peuple la valeur de l'expérience
et du travail.
En même moment, pour le fric, Foreman affronte Holyfield, en boxe WBF.
En 1991, Ted Turner (CNN) crée la WCW,
World confédération Wrestling. Pour les fans, c'est Hulk Hogan
le promoteur et président, un peu comme Farrugia et Comédie sur
le satellite, un prête-nom.
Donc, des passerelles se créent entre les deux fédérations,
des types de la WWF y partent, puis reviennent, tels que Chris Benoît
ou Eddie Guerrero.
La WCW apporte une touche encore plus rock'nd roll, plus trash. Diesel (WWF)
devient Kevin Nash, Razor Ramon (WWF) devient Scott Hall.
Donc on retrouve les vieux briscards, Ric Flair (The Nature Boy, près
de 60 ans !), Macho Man et Hulk.
Le truc marche bien, les fans sont attirés par les shows plus hardcore.
En 97, Bret Hart en discord avec Vince MacMahon
(le Farrugia de la WWF) décide de quitter la WWF dont il est champion.
Un combat contre son rival, Shawn "Heartbreaker" Michaels, est organisé
à Montréal, dans le pays de Bret.
Bret doit garder sa ceinture, devant ses "fans", et remettre celle-ci
à Vince le lendemain. Le combat est truqué, comme d'hab', mais
cette fois-ci le truquage est tronqué aussi. Bret perd devant son public,
il repart en crachant au visage de Vince. Je crois que c'était un vrai
crachat.
La WWF était né en 1963 à
Rio de Janeiro, le premier champion était Bruno Sammartino (63-71 ; 73-77,
soit 4040 jours). Elle disparaît des écrans de C+, elle fait place
à la WCW.
Mais ce fut un feu de brindille dans le monde du catch.
Quelques évènements, le titre de champion de David Arquette (le
débile de Scream) en avril 2000, les descentes du dôme de Sting
(pas le chanteur !), les entrées de Goldberg qui mettaient la chair de
poule.
Imaginez, un type construit dans du granit, un Conan élevé à
la créatine depuis ses 4 ans, également son âge mental,
avec un regard de labrador fou, avec les trapèzes de deux Schwarzi, qui
entre dans une pénombre totale puis sous un feu d'artifice.
Côté son, des bruits de chocs sur du métal, des "GOLDBERG"
retentissant lourds et processionnels. Impressionnant encore plus car repris
par les 80 000 convertis.
Le 26/03/01, WWF rachète à Ted
la WCW. Le nouveau Farrugia de la WCW est le fils de Vince, Shane. Shane joue
le rôle d'ennemi du père. Les vedettes de la WCW vont être
obligés de s'humilier pour revenir à la WWF.
WWF est dominé par l'Undertaker (toujours là !), Steve Austin
et Kane (frère de Undertaker ?).
The Undertaker est devenu un personnage moins "mystique" et "dark"
qu'avant quand il arrivait avec son urne et qu'il dormait dans des cercueils.
Il arrive, désormais, en Harley, avec les riffs fusionnels de Limp Bizkit
!!!!
Première "humiliation", Dallas Damon Page, DDP, catcheur fantasque,
rebelle et justicier de la WCW devient un voyeur traitre et couard qui s'enfuit
dans le public devant 'Taker !
Lui qui entrait en scène sous Nirvana, Smells like teens spirits !!
Il y a peu d'émissions que je suive avec
plaisir à la télé. Je regarde plein de trucs, j'aime "Letterman",
"le SNL", "la route", mais ça dépend des guests
aussi.
Alors que le catch, c'est toujours bon !
Il n'y a que "Paris dernière",
les redifs de Ken le Survivant et la WWF que je regarde avec frénésie.
Friends, Dream on, Les robins, pour le fun, mais avec un truc en moins, l'exaltation
de l'âme, enfin de celle d'un gosse.
Ah si, Seinfeld, c'est vraiment jubilatoire, Love and the mariage, aussi.