Une
histoire de Golf, mais aussi un peu de Merleau-Ponty
Charles
Pépin et sa Golf, comme dans "Descente", comme dans
la vie. Charles Pépin, bellâtre cathodique et esprit académique.
Il enseigne la philo dans un bahut et dans la télé. Il
philosophe de son regard assuré et de sa chevelure majestueuse.
J'ai
rencontré Charles, pour la première fois, lors d'une scène
qui résume le personnage. Des amis me déposaient chez
moi, rue de Turenne, nous roulions dans la rue des Francs-Bourgeois,
et nous fûmes arrêtés par une "Golf" stationnée
en plein milieu de la voie. Un chevelu, téléphone en main,
s'agitait près de sa portière ouverte. Je commence à
pester contre ce con avec son portable. Nous sommes obligés de
nous arrêter. Je regarde de plus près. Il me semble le
reconnaître : Le petit "Charles Pépin", le beau
gosse de "Culture et dépendances", "Monsieur Philosophie". Be
Pépin by himself "Ce
que je suis et tout ce que je ne suis pas, ma bite de taille moyenne
et ma claustrophobie, je ne suis pas songwriter je ne suis pas popstar
je ne suis pas boxeur je ne suis pas Norman Mailer et je n'ai même
pas baisé les plus belles filles de Paris, juste l'une d'elles
qui s'appelait Lena et a disparu un matin en me laissant toutes ces
affaires." (p.69) Alban
est donc un professeur de philo dans un coin du Nord, un jeune agrégé
de l'Ouest parisien qui se trouve nommer dans la France d'en bas. Alban,
fêtard cocaïnomane du Paris branché, se retrouve seul
face à ses peurs, ses rêves frustrés, ses promesses
oubliées, suite au départ de la femme qu'il aime, Lena,
partie avec son meilleur ami, Arthur. Extraits
par flemme "C'était
d'ailleurs ce que j'entendais le plus souvent, à l'époque,
lorsque je me retrouvais dans la rue et que des salariés se vengeaient
de leurs vies prévisibles en se déchaînant sur leurs
klaxons : ils avaient attendu que l'un d'eux lance le signal pour s'y
mettre tous ensemble et, confortés par le vacarme des autres,
se lâchaient en de lamentables pets sonores qui finissaient par
résonner, lorsque le tumulte se nourrissant de lui-même
atteignait son paroxysme, exactement comme les coups de sifflet de ces
ravers extasiés ou ces sirènes retentissantes dans certains
moments de house." (p.108) "C'était
du sens devenu sensible" (p.109) "Elle
m'a appris à préférer la vie à mon idée
de la vie" (p.109) "Sur
le pare-brise la pluie constante tombait comme un rideau trop long :
ça faisait sur le verre des plis que l'essuie-glace venait briser
avec la régularité d'un métronome" (p.145) "Vieillir,
ce n'est pas seulement supporter la voix de Phil Collins sans avoir
envie de tout casser, regarder les filles dans la rue sans aller leur
parler, c'est aussi chercher à comprendre" (p.148) "Technikart,
Le Monde, Les Inrockuptibles, Art Press, Blast, Marianne, Elle..., certains
honorés de la plume bouffonne d'Arthur. " (p.161) "Oui,
je ne suis pas Bukowski, je ne suis pas John Fante, je ne suis même
pas Michel Foucault, je ne suis pas une rock star mais je vais te baiser
quand même et tu vas voir je te montre un nouveau jeu, tu t'appelles
Lena et tu me suces la bite avec des yeux d'amoureuse, OK ? après
tu te mets à genoux les bras tendus devant toi les seins contre
le drap et tu me tends ton cul comme un soleil de gomme usé et
je te montre un nouveau je : le mec qui s'écroule sur ton dos
après t'avoir secouée pour jouir en trois minutes, le
prof exemplaire qui descendu de l'estrade te pleure dans les cheveux
en se retirant de ton cul - il se souvient que plus jeune il avait peur
des filles, il les désirait tant qu'il avait peur des filles,
il les désirait tant qu'il avait peur de débander devant
leurs ventres ouverts, aujourd'hui il bande même lorsqu'il ne
veut pas, il bande comme un porc pour ce qu'il ne veut même pas
et il regrette le temps de ses peurs adolescentes. " (p.163) "Elle
est brune avec une jupe en skaï et un tee-shirt rouge et or, les
mêmes couleurs que le drapeau du F.C. Barcelona qui claquait tout
à l'heure dans une ruelle de la Ribera." (p.175) Les infidèles de Charles Pépin, Flammarion, 281 pages.
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