"Rien
n'est aussi triste que nos chansons populaires. Les plus profondément
graves et les plus profondément tristes et les plus profondément
pieuses sont naturellement celles qui parlent d'amour" PODIUM
POPULAIRE POILANT "Bernard
Frédéric, le Cloclo à la Triste Figure, âme
simple, candide et obstiné, veut imposer à un monde devenu
laid son idéal "claudien", d'amour, de justice et d'honneur.
Il se lance à corps perdu dans l'univers poétique que
son imagination installe dans la réalité, ne pouvant s'empêcher
d'accorder aux êtres et aux choses une confiance qui résiste
aux moqueries et aux coups. À ses côtés, Couscous,
bonhomme de partout, incarne le bon sens commun qui ne s'embarrasse
pas de chimères ; s'il montre beaucoup de naïveté
dans ses espérances, il n'en garde pas moins les pieds sur terre
et s'efforce de remédier aux désastres nés des
exploits de son ami..." Podium
serait-il une adaptation disco et désopilante de "Don Quichotte
de La Manche" ? Podium
est donc un livre extravagamentesque qui raconte les déboires
et autres aventures de deux pieds nickelés sosies de Claude François
et de C.Jérôme dans un monde où l'apparence est
devenue l'ultime moyen de reconnaissance. Deux
pieds nickelés en bottines Nubuck "Bernard
Frédéric" : "Jean-Baptiste
Cousseau", "D.Jérôme" : Mais
aussi la belle "Maïwenn", beauté gazelle de Simoun
rose poussière, si chère à Moix, n'avez-vous pas
lu Anissa Corto ? L'Évangile
selon Couscous Les
deux amis font la plonge dans un resto de l'arche de l'A10, la route
des vacances, entre Olivet et Artenay. Cela fait désormais dix
ans qu'ils ont donné leur premier gala, avant de laisser tomber.
Couscous avait quitté son costume de Cloclo pour devenir le sosie
de C.Jérôme, "D.Jérôme", en quelque
sorte il restait un Claude, "Claude Dhotel" étant le
vrai nom de C.Jérôme. Il faisait la première partie
de "Bernard Frédéric et ses Bernadettes", le
plus grand Claude François depuis Claude François. C'est
une épopée digne des plus grands récits mythologiques
que nous raconte Couscous ! Sardonnades,
enfoirage et autres délices Podium
est une litanie successive et ininterrompue de guignolades, de scènes
à mourir de rire. Les
scènes de resto sont génialissimes, où la goujaterie
et la radinerie de Bernard Frédéric font des merveilles
! "Quand
Bernard va au restaurant, c'est généralement parce que
celui-ci offre une formule "à volonté". Pas
plus tard que samedi dernier, Bernard a invité Maïwenn au
Rodéo Grill, un restaurant à volonté situé
dans la ZUP de Saint-Jean-de-la-Ruelle, juste à côté
du karaoké le Back Voice". (p.38) Ou
celle du faux infarctus pour se casser, une nouvelle fois, sans payer. LA SCÈNE étant, pour moi, l'enfoirage des gogues du restaurant "Le Chevreuil". C'est un pur instant de bonheur jouissif et libératoire. "Ça
va chier des Sardous", "Les points de côté, c'est
bon pour Sardouland"…Les
Sardous en prennent la face, c’est ce qu’ils appellent des
"sardonnades", qui répondent aux "claudades"
que les Claudes François ont trop longtemps supportées.
Ce
n'est qu'un aperçu infime des délicieuses horreurs que
Bernard Frédéric peut vous proposer, que ses crises de
colère peuvent créer. Tout
est bon, bien écrit, réellement drôle : la sélection
des "Bernadettes", "Lucifer" qui vole et "sa"
diatribe qui s'en suit, les thèses sur la mort de Claude, l'interview
et toutes les expressions nanardesques, les "monmecs", les
"JAPA", les "Zombiz", les "Strolls"…tant
et tant… Folies
de moixitude La
folie moixienne continue « en dehors » du roman. En effet,
Yann Moix a concocté une série d’annexes d’une
puissance intersidérale, un univers parallèle, un monde
complètement tourné sur Claude François : un calendrier
claudien, des cercles d’études claudiennes, les biographies
des grands Claudes François (un « MUST ») de l’histoire…
et de la folie, encore de la folie, toujours de la folie ! Podium de Yann Moix, Grasset, 381 pages.
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